Chaque samedi jusqu’au 10 août, Alain Delon s’invite sur l’antenne de RCF dans une spéciale Symphonie du cinéma à travers cinq portraits. Cinq émissions retraçant sa carrière, l’acteur et l’homme, ses rencontres et ceux qui ont compté. Le mythe Delon décliné en épisodes de 29 minutes à déguster à sa guise.
« La différence essentielle – sans que cela soit péjoratif pour les comédiens -, c’est que ces derniers jouent leurs rôles tandis que l’acteur les vit. » Cette citation d’Alain Delon résume assez bien la vision du cinéma qu’il a fait sienne durant plus de cinquante ans. Lui, l’acteur total, qui de ses débuts dans les années 50 aux derniers films dans les années 2000, a tout connu, a été dirigé par les plus grands et a joué avec les acteurs et actrices les plus iconiques. Au delà d’une filmographie incroyable, rare dans le cinéma français, jalonnée de grands succès mondiaux, de films d’auteurs mais aussi d’autres plus confidentiels, Alain Delon, c’est avant tout un style, un jeu d’acteur, une personnalité faite d’animalité, de charme, de masculinité mais aussi de rudesse et de froideur. Deux derniers épithètes qui en ont fait l’opposé d’un Jean-Paul Belmondo, l’autre grand acteur de sa génération, que les médias et les critiques ont volontiers mis en face de lui dans une vraie fausse rivalité surjouée. Delon, c’est d’abord un regard, une beauté presque irréelle dans ses jeunes années et puis un timbre de voix. Un partenaire à l’écran rêvé pour de nombreuses actrices dans les années 60 et 70. De loin, ses deux décennies les plus fastes et les plus brillantes au regard de chefs-d’oeuvre tels que Plein Soleil, Rocco et ses frères, Le Guépard, La Piscine, Le Samouraï ou encore Monsieur Klein pour n’en citer que quelques-uns.
Tous les samedis à midi (rediffusion le dimanche à 00h et 22h00).
Tout commence fin 1957, l’acteur n’a alors que 22 ans, il vient de décrocher qq mois avant un petit rôle d’homme de main aux côtés de Jean Servais et Bernard Blier dans Quand la femme s’en mêle, film policier d’Yves Allégret. Il enchaîne chez le frère, Marc Allégret, cette fois-ci pour Sois belle et tais-toi, comédie policière où il retrouve un certain Jean-Paul Belmondo, de deux ans et demi son aîné, qui débute lui aussi. Mais deux films vont véritablement le propulser au rang de star. Deux productions franco-italiennes : Rocco et ses frères de Visconti et Plein Soleil, de René Clément. Point commun aux deux : la musique de Nino Rota, tantôt désenchantée, tantôt enchanteresse.
© Presse-DR-MGM. Mélodie en sous-sol en 1963.
Tu crois en Dieu, tu n'y crois plus et quand tu as un gros problème, tu pries quand même...
Alain Delon a entretenu durant sa carrière un rapport privilégié avec le cinéma italien. Un cinéma considéré comme l’un des meilleurs au monde dans les années 60 et au début des années 70. Delon l’Italien, Delon le guépard, l’animal de cinéma, a été dompté par les plus grands en Italie, d’Antonioni à Zurlini. En 1960, Rocco et ses frères est le premier des deux chefs-d’oeuvre que tournera Alain Delon avec le maître Luchino Visconti. Le second étant Le Guépard, chef-d’œuvre du panthéon mondial du cinéma où l’on suit le déclin de l’aristocratie palermitaine et de la monarchie en même temps que l’avènement de l’unité italienne souhaitée par Garibaldi. Palme d’or au Festival de Cannes 1963, le film réunit, outre Alain Delon, Claudia Cardinale et Burt Lancaster dans un sommet de cinéma, servi par des décors et des costumes fastueux. Alain Delon est à l’apogée de l’élégance et porte une chemise blanche amidonnée, une redingote et la raie sur le côté faisant de son personnage un membre de la noblesse plus vrai que nature. Un monde qui s’éteint à petits feux mais qui continue de danser comme de si de rien n’était dans l’insouciance du temps présent à l’image de cette mazurka, composée par Nino Rota.
© M6 vidéo. Avec Romy Schneider dans La Piscine en 1968.
Mireille Darc, Claudia Cardinale, Anne Parillaud, Simone Signoret, Marie Laforêt, Annie Girardot, Ursula Andress, Virna Lisi, ont toutes en commun d’avoir joué aux côtés d’Alain Delon. Certaines ont partagé sa vie privée et noué une relation très forte qui a perduré au-delà d’une séparation. Mireille Darc et Romy Schneider sont les actrices et les femmes qui ont le plus compté. Dans La Piscine, de Jacques Deray, en 1968, Romy Schneider interprète la femme de l’acteur. Film culte que l’on ne présente plus, il compte également Maurice Ronet et Jane Birkin, alors toute jeune actrice, par qui le drame va arriver et troubler la quiétude de l’été azuréen d’une belle villa de Ramatuelle. La musique easy jazz est signée de Michel Legrand, tandis que Romy Schneider retrouve Alain Delon, dans un rôle principal, 10 ans après leur rencontre professionnelle et sentimentale sur le tournage de Christine, de Pierre Gaspard-Huit, en 1958. Entre temps, ils se sont séparés 6 ans auparavant tout en restant proches. Ils rejoueront ensemble une dernière fois, en 1971, devant la caméra de Joseph Losey dans L’Assassinat, de Trotsky.
Le comédien a la vocation : il a suivi des écoles, est formé, fait du théâtre. Un acteur, c’est un accident...
© Carlotta films. Le Cercle rouge en 1970.
En 50 ans de carrière, son étoile n’a jamais pali et sa légende n’a fait que se renforcer au fil des rediffusions de ses films à la télé. Et dans cette filmographie variée et pléthorique, quelques-uns sont passés à la postérité à commencer par Le Samouraï, de Melville, baigné par le thème musical hypnotique de François de Roubaix. Un sommet de musique de film.
En 1967, Alain Delon endosse l’imperméable mastic et le chapeau Borsalino de Jeff Costello, un tueur à gages froid et impassible. Melville-Delon, un tandem uni par des liens très forts après ce premier film ensemble. Ils en tourneront trois : Le Samouraï, Le Cercle rouge et un Flic mais tous seront des chefs-d’oeuvre. Les deux hommes qui ont le sens de la fatalité développeront des rapports d’amitié très intenses. Sur le plateau, Delon et Melville se trouvent avec une facilité déconcertante. Après René Clément et Luchino Visconti, Melville sera son nouveau mentor. Aussi, la mort en 1973 de celui qu’il considérait comme son père spirituel va profondément le changer et renforcer sa mélancolie.
J'ai tout connu et j'ai tout recu. Mais le vrai bonheur, c'est donner
© Paramount pictures France. Alain Delon et Jean-Paul Belmondo dans Borsalino en 1970.
En 1968, Alain Delon vient tout juste de fonder sa société de production Adel Productions qui deviendra Leda Production. Pendant 20 ans, ce sont 35 films qui seront produits dont les succès Borsalino en 1970 et Monsieur Klein en 1976 qui obtient 3 César. « Borsalino est la plus merveilleuse expérience de ma vie de producteur », déclarait en 1972 Alain Delon interrogé alors sur le tournage d’Un Flic de Jean-Pierre Melville. Avec plus de 4,5 millions de spectateurs en France, Borsalino fut un succès colossal. Les journaux de l'époque brodent sur la rivalité supposée entre les deux stars que sont Alain Delon et Jean-Paul Belmondo, ce qui servira finalement le film qui assoira son succès, aussi, grâce à la musique de Claude Bolling et sa couleur swing jazz jungle.
En parallèle du cinéma, Alain Delon est un homme d’affaires qui crée en 1978 sa marque de parfum. L’acteur a également associé son nom à des vins, des lunettes, des montres, du linge de maison et même des cigarettes en 1992 destinées au marché asiatique où il jouit d’une immense notoriété en particulier au Japon.
"La Symphonie du cinéma", une émission de Fabien Genest pour voyager dans l'univers des musiques de films.
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