Condenser en quelques lignes un fait d'actualité, c'est le but d'une "brève" en langage journalistique. Un format largement utilisé dans le magazine Le pèlerin et dont Marie-Yvonne Buss nous retrace l'évolution, quelques pépites au passage !
Cette semaine, votre rubrique d’archives nous parle d’un format d’article très particulier : les "brèves". un format dont vous avez voulu suivre l’évolution dans vos pages. Mais d’abord, rappelez-nous ce qu’est une brève : Comme son nom l’indique, la brève est un article très court, parfois d’une ou deux lignes seulement, censé condenser de la manière la plus appétissante possible une actualité. C’est un exercice de haute précision ! Si on résume une donnée politique ou économique en style télégraphique, on ennuie. Si on se laisse place au lyrisme, ce n’est plus une brève.
Depuis quand Le pèlerin publie-t-il des pages de brèves : Depuis toujours. C’était même un format très utilisé dans Le pèlerin de la fin du XIXème siècle : on y lisait des pages entières d’annonces brèves mises en colonnes les unes à la suite des autres. Mais nous nous sommes rendus compte que leur forme avait beaucoup évolué. Par exemple, à l’époque, les rédacteurs ne citaient pas forcément leurs sources. Aujourd’hui, tout chiffre et a fortiori toute citation est obligatoirement sourcée.
Et le ton, a-t-il changé ? D’ailleurs, peut-on vraiment avoir un ton dans une brève ? Oui, même en deux ou trois lignes, on peut manifester de l’ironie, de l’indignation, de l’admiration… Au risque parfois de mélanger l’information et le commentaire.
Voici un exemple de brève publiée le 18 août 1935 : Il est question d’élever une statue au célèbre cuisinier Escoffier. Ne nous récrions pas. Car, après tout, il y a tant de cuisiniers de la politique, et qui nous ont fait de la mauvaise cuisine, qui ont leur monument. Le rédacteur a manifestement pris plaisir à l'écrire.
Dans la presse, les brèves sont rarement signées. C’est d’ailleurs toujours le cas aujourd’hui, dans notre unique page de brèves. Nous considérons qu’il s’agit d’un service collectif rendu par la rédaction. C’est un exercice d’humilité. Ce qui n’empêche pas que chaque lundi, jour de bouclage, nous débattions avec énergie de nos choix. Quand on n’a plus que 6 ou 7 brèves, chacune doit se justifier ! Et nous apportons aussi un grand soin à la façon de les titrer.
Vos pages de brèves intègrent souvent une photo et sa légende. Par exemple, celle-ci : On y voit une hôtesse de l’air à côté d’un jeune homme tout sourire, assis dans un petit avion qui semble prêt à décoller : Cette photo a été publiée le 8 janvier 1961 et voici sa légende : Une histoire merveilleuse. Mlle Catry avait gagné le gros lot. C’était un baptême de l’air. Or, elle était hôtesse de l’air à Air France. Elle a remis son prix à M. le curé de Saint-Jean-Baptiste de Belleville, qui en a fait bénéficier un jeune orphelin de sa paroisse, Daniel Lhost. Voici le jeune Daniel dans le Jodel sur le terrain de Saint-Cyr-l’École en compagnie de son hôtesse personnelle, Mlle Catry. Nous avons appris que le Jodel est un avion monomoteur lancé en 1948, qui a connu un vif succès.
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