Animateur foutraque du "BigDil" sur TF1, Vincent Lagaf’ a connu un immense succès à la télévision. Des années Club Med à Fort Boyard, en passant par ses débuts sur scène et ses relations parfois tendues avec sa famille d’adoption, il raconte son histoire tumultueuse. Celle d'un enfant adopté, issu "de la France d'en-bas" et qui s'est fait "tout seul".
De 1998 à 2003, Vincent Lagaf’ animait chaque soir l’émission du BigDil sur TF1, avec son traditionnel costume rose et ses cravates improbables. Avec six millions de téléspectateurs par jour, il était un animateur respecté. Aujourd’hui, Vincent Lagaf', ou Franck ou Vincent Rouïl, a 63 ans. Dans son livre "Je m’appelais Franck" (éd. XO), il revient sur son parcours tumultueux.
Quand il naît en 1959 en Seine-Maritime, Vincent Lagaf' s’appelle Franck. Sa mère a 18 ans, son père est marié à une autre femme. Voyant qu’elle ne peut pas subvenir aux besoins de son fils, la jeune maman confie Franck à l’assistance publique. "J’admire son courage. Ça a dû être un choix douloureux à faire", estime Vincent Lagaf'. À trois ans, Franck est adopté par un couple : il devient Vincent. De son enfance, il retient sa relation compliquée avec son père, sa passion pour l’équitation et sa façon de s’intégrer à l’école : "J’ai eu une scolarité chaotique. Je faisais le pitre pour attirer l’attention et plaire aux autres."
"Pélu a donné un sens à ma jeunesse." Pélu, c’est un jeune poulain que Vincent Lagaf' a longtemps bichonné. Quand le cheval meurt, le jeune cavalier est dévasté. De cette expérience, il tire une leçon : "J'ai appris à vivre l’instant présent, à me mettre un coup de pied au cul et à avancer." Au lycée agricole, Vincent Lagaf' se forme à la soudure. Alors qu’il désarticule un bateau sur une plage de Marseille avec ses collègues soudeurs, il découvre le Club Med : "On avait 15 jours de retard sur un chantier. Pour des raisons pratiques, on a dormi au Club Med juste à côté de la plage."
Ces nuits au Club Med lui ouvrent une porte : celle de l’animation. Il découvre avec émerveillement le monde des "GO" pour "gentil organisateur" et l'ambiance de vacances qui y règne. Après une formation, il parcourt le globe entre les clubs de Guadeloupe, du Maroc, des Arcs 2000… Ces dix années d’exercice en tant que GO lui ont appris l’esprit d’équipe. "Ensemble, on déplaçait les montagnes. C’est là que j’ai vraiment commencé la scène." C’est là aussi qu'on lui donne le surnom de Lagaf’ : "Je faisais pas mal de conneries, alors mes collègues m’ont appelé comme ça. C’est resté."
Comme Anne Roumanoff, Vincent Lagaf' fait ses débuts dans l’émission "La classe" sur France 3. C’est une rencontre du Club Med' qui lui envoie une annonce de TV Loisirs : "Ils cherchaient des comiques. Je me suis pointé sans sketch, mais ça a marché." À l’école ou à l’armée, Vincent Lagaf’ avait fait ses armes : "J’avais appris à faire les choses avec humour, sans me prendre au sérieux."
Le 2 février 1998 est diffusé pour la première fois le BigDil, jeu télévisé emblématique à l'immense succès : Vincent Lagaf’ incarne son show. Il s’essaie aussi à la musique, avec par exemple sa chanson comique "Bo le Lavabo". "Ça a cartonné : on a envoyé le disque à toutes les boîtes de nuit. Le lundi, les ventes ont explosé." L'animateur est également un sportif "casse-cou" qui multiplie les défis. Sa vie, il la vit à 100 à l’heure ou il ne la vit pas : "Je ne cherche pas à me mettre en danger mais je fais les choses à fond : même quand il y a une chance sur deux, j'estime que ça vaut le coup de prendre le risque."
Meilleure personnalité de l’année en 1999, meilleur show de l’année en 2000… Vincent Lagaf’ sait parler à tous. Et à "l’intelligentsia parisienne qui ne [le] trouve pas assez intello et trop populaire" - l’animateur rétorque qu’il ne changera pour rien au monde son "franc parler, son côté brut de décoffrage. Je viens de la France d’en-bas, et c’est aussi ça qui plaît". "Je pense qu’ils sont jaloux : je n’ai pas le bac, je fais des fautes de français, et pourtant je me suis fait tout seul”, souligne-t-il.
"Si c’était à refaire, je referais le même parcours." À 63 ans, Vincent Lagaf’ est content de la vie qu’il a vécue. Lors d’un tournage de film en 2008, l’animateur rencontre un ancien procureur de Seine-Maritime. "Je voulais savoir d’où je venais et qui j’étais. Un procureur de la République m’a donné tous les renseignements pour retrouver ma mère". Pendant six heures, il échange avec sa mère biologique, la questionne sur sa vie. "Quand elle m’a raconté son parcours, je me suis dit que j’avais eu beaucoup de chance. Elle est dotée d’un courage incommensurable". Cette unique rencontre avec sa mère biologique répond à ses questions. Aujourd’hui, Vincent Lagaf' prend conscience qu’il a eu une "vie hyper privilégiée".
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