Avec plus de quarante ouvrages, Vladimir Fédorovski est un écrivain prolifique. Déçu par la politique d'Eltsine dans les années 1990, celui qui fut diplomate de l'URSS s'est installé en France pour débuter une carrière dans l'écriture, avec un succès inconstestable. Vladimir Fédorovski revient sur ses années de politique au service du Kremlin, et livre son analyse de la Russie d'hier et d'aujourd'hui.
Vladimir Fédorovski a vu le jour dans la Russie de 1950. Pendant la Guerre Froide, il est diplomate pour le compte de l'URSS, attaché à l'ambassade de Mauritanie, et interprète de langue arabe auprès de Brejnev. Il a rencontré toutes les personnalités politiques du monde arabe : Saddam Hussein, Al Assad, Kadhafi...
L'écrivain livre une réflexion aiguisée quant aux détenteurs du pouvoir. "Franchement, je les méprise. C’est à mi-chemin entre la tragédie et l’opérette. Il faut avoir un grain pour chercher le pouvoir. Pourquoi font-ils cela? ils sont guidés par leur nombril. Pourtant, ils dirigent le monde."
Une forme de pessimisme teinte son analyse. "Le monde, aujourd'hui, va très mal", déclare-t-il. Lors de la guerre froide, deux blocs, avec des règles, s'affrontaient. "Mais à l'époque, les gens faisaient la différence entre la propagande et la politique réelle. Aujourd'hui, les genres sont mélangés. Les dirigeants mentent, et croient à leurs mensonges : ils vivent dans un monde imaginaire."
Vladimir Fédorovski a assisté à la naissance de la Perestroïka. Gorbatchev et Yakovlev "ont été visionnaires, des personnes extraordinaires. Toutefois, ils ont surestimé l'intelligence de l'occident"... Ils ont rêvé de l'alliance avec l'occident pour construire un nouveau monde. "Mais l'occident s'en fichait", souligne Fedorovski. Boris Eltsine est élu en 1996. Il est à présent détesté par les Russes. "C'était une période épouvantable ! 2 500% d'inflation par an, la mafia qui mangeait les richesses"...
La corruption dégoûte Fédorovski, qui décide de quitter la diplomatie. "J'ai voulu construire quelque chose de nouveau, mon engagement envers la Perestroïka était un engagement envers la liberté. Mais je souhaitais la liberté individuelle... mon indépendance. Le vol, la corruption, être au service de ce système, ce n'était pas pour moi".
Les Occidentaux portent sur Vladimir Poutine un regard empreint d'effroi et de critique. Fédorovski estime l'avoir "sous-estimé. Je l'ai pris pour une marionnette, il est en fait marionnettiste". Le constat qu'en fait l'écrivain est balancé. D'un côté, son action au Proche-Orient serait plutôt intelligente, de l'autre, la démocratie, l'indépendance de la justice au sein de la Russie, sont en mauvaise posture et penchent en la défaveur du président russe. Fedorovski résume : "quoi que je dise, donc, je suis attaqué par la Russie ou par l'Occident"!
Cependant, souligne l'écrivain, "il ne faut pas prendre les Russes pour des crétins". "Ils votent pour Poutine parce qu'ils vivent mieux à présent, alors qu'ils ont été bafoués pendant la période post-communiste. Poutine n'est pas un dictateur, moi, la dictature, je l'ai connue, et combattue".
Qu'est-ce que l'âme slave? "Une image, une littérature, un climat". Avant tout, une histoire : "une rudesse inimaginable. 27 millions de morts dans les guerres contre les Nazis, 25 millions tués par Lénine, Trotski, Staline". Ensuite, la géographie : "la Russie est un véritable continent, avec onze fuseaux horaires"... enfin, "les grandes histoires d'amour. Les nuits sont longues en Russie!"
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !