"Prendre un enfant par la main" a été élue chanson du XXe siècle préférée des Français. Son auteur, Yves Duteil, fête 50 ans de carrière. Ce célèbre chanteur, amoureux de la langue française, est moins connu pour ses nombreux engagements. Interrogé par Thierry Lyonnet, il revient sur son parcours, qu'il décrit dans son livre, "Chemins de liberté" (éd. L'Archipel).
Yves Duteil incarne la gentillesse et la douceur. Enfant, il était calme et réservé, en apparence seulement. Le petit Yves ressentait déjà au plus profond de lui le bouillonnement de la créativité. Il a surtout tenté de fuir l'influence de son père qui pour lui "incarnait la peur, toutes les peurs concentrées en un seul homme". Lui qui avait vécu la Shoah, a eu des relations compliquées avec son fils. "Il a vécu dans la peur, on va même dire la terreur absolue... Et ça, personne ne peut vivre ça et sortir indemne, donc je comprends et en fait j'ai dû passer ma vie à lutter contre tout ça."
La sensibilité qui lui collait à la peau, Yves Duteil a appris à vivre avec. Il a compris, que "cette sensibilité qui m'encombrait, qui me bouleversait et qui me gênait tout le temps était un atout et qu'il fallait surtout pas ni que je fasse une psychanalyse pour m'en débarrasser ni que j'essaie de vivre sans". Encore aujourd'hui, il le dit : "Je suis bouleversé tout le temps, mal à l'aise, toujours à me demander si je suis légitime là où je suis. Finalement ça été une très grande leçon de vie d'avoir à lutter contre ça !"
J'ai envie qu'on institue la loi du plus vulnérable
Yves Duteil s'est toujours battu contre l'injustice et l'indifférence. "Moi, dans l'écriture des lois et dans la façon dont les hommes et les femmes vivent je suis choqué par la loi du plus fort, j'ai envie qu'on institue la loi du plus vulnérable."
Cette soif d'injustice se retrouve dans de nombreuses chansons de son répertoire dont la plus connue "Prendre un enfant", qui est aujourd'hui un hymne pour l'association Handicap International dans laquelle il est engagé.
Brunette, sa maman, lui a transmis son amour de la langue française et de la musique. "Elle ne m'a pas appris le français et le goût du français : elle était le français" se souvient le chanteur. À l'adolescence, le jeune Yves, très bon en rédaction, commence à écrire.
Grâce à sa maman qui joue du piano, l'adolescent angoissé qu'il était se réfugie dans la musique. "J'étais tellement angoissé, tellement pas bien à l'intérieur de moi que je cherchais des refuges. Ce refuge [la musique] était une consolation de ce sentiment de ne jamais être à ma place et quand j'ai commencé à jouer de la musique ça m'a relié aux autres, à tous les autres" se souvient-il. À 15 ans, il reçoit une guitare à Noël, grâce à cela il trouve enfin sa place dans la vie et bientôt dans le cœur des Français.
Quand j'ai commencé à jouer de la musique ça m'a relié aux autres, à tous les autres
Lorsqu'Yves Duteil a reçu le prix de la plus belle chanson du siècle, il a réalisé qu'au-delà des mots, ses engagements devaient être plus concrets. "Je me suis rendu compte que tout ce que je défendais dans mes chansons, je m'en éloignais un peu dans la vie par peur des réactions, par peur de l'engagement. Quand j'ai eu ce prix je me suis dis : je crois qu'il faut que je mérite ça, il faut que je légitime ce succès en étant aussi humainement ce que je suis dans mes chansons."
C'est à ce moment-là que les paroles de ses douces chansons deviennent des actes. C'est auprès des Tibétains, mais aussi de l'association Handicap international, des enfants défavorisés ou encore au niveau citoyen en devenant maire de son village que le chanteur poursuit ses engagements tant dans sa vie que dans ses chansons.
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