82-4000 Solidaires, et les sommets sont plus proches

C'est le président de l'association, Jean-Loup Cartier, qui répond à nos questions dans Vitamine C depuis les Hautes-Alpes : chirurgien orthopédiste spécialiste dans les traumatismes sportifs en montagne, il est évidemment passionné d'alpinisme.

82-4000 : une histoire de chiffres

C'est le médecin, guide de haute montagne et diacre Hugues Chardonnet, qui, en 2012, a eu envie d'« ouvrir la haute montagne aux gens de la grande pauvreté » et a fondé l'association 82-4000 Solidaires, avec l'appui à l'époque d'ATD Quart Monde. Les chiffres « 82-4000 » ne sont pas donnés par hasard : l'idée, résumée par l'actuel président de l'association, est de « gravir les 82 sommets de plus de 4 000 mètres d'altitude des Alpes, en accompagnant chaque ascension d'un geste permettant à ces personnes de venir en haute montagne ».

Des adultes de tous âges sont amenés par des associations partenaires (dont certaines sont lyonnaises) qui les connaissent bien : ATD Quart Monde, le Foyer Notre-Dame des Sans-Abri, la Maison de Rodolphe, Le Refuge, etc. Ces structures rassemblent une dizaine de personnes pour qui 82-4000 organise un stage en résidentiel dans le Briançonnais ou en Haute-Savoie, et à qui les bénévoles font pratiquer des rencontres de loisir et des activités de haute montagne adaptées à leurs capacités.

Parmi les bénévoles de l'association, on trouve à la fois des guides de haute montagne professionnels et des montagnards amateurs. Tous donnent de leur temps pour ces activités d'insertion sociale.

Une expérience unique de dépassement de soi

Les stagiaires, toujours accompagnés par des membres de l'association partenaire ainsi que par ceux de 82-4000 Solidaires, passent la semaine ensemble, logés sur place. Ils sont aussi amenés en refuge, l'occasion de dormir encore plus en haute montagne.

Escalade, cascade de glace, ski, via ferrata, marche au glacier encordée... toutes ces activités impliquent une dépendance des uns aux autres, et les relations humaines n'en sont que renforcées. C'est l'expérience d'un dépassement de soi, d'une capacité « à voir un oiseau, une fleur, un animal avec émerveillement », illustre Jean-Loup Cartier. Beaucoup de participants gardent d'ailleurs des liens forts entre eux après les stages. Marginalisés, exclus et précaires dans leur vie quotidienne, les stagiaires retrouvent un lien social.

« Si je suis capable de faire cette pratique en montagne, ce n'est pas un entretien d'embauche qui va me faire peur » : ce genre de phrase revient plusieurs fois dans la bouche d'anciens stagiaires. De nombreux retours de ce genre donnent de l'espoir : « Jamais je n'aurais pensé être capable de ça, jamais je ne me serais cru aussi fort ». L'entretien d'embauche, après un stage à 82-4000 Solidaires, fait bien moins peur.

Le soutien de la Fondation Saint-Irénée

Le projet est ambitieux. Pour héberger confortablement les stagiaires sur place pendant une semaine, un projet de rénovation et d'agrandissement d'une ancienne aumônerie de santé est en cours avec le soutien de la Fondation Saint-Irénée, en bail emphytéotique avec le diocèse des Hautes-Alpes et la paroisse de Briançon : l'idée est d'en faire un bâtiment d'accueil optimal réservé aux personnes de la grande pauvreté dans la station de ski de Serre Chevalier.

Ce chalet devrait pouvoir ouvrir d'ici la fin de l'année 2022.