Depuis une dizaine d’années, l’hôpital de la Sainte Famille situé à 850 mètres de l’église de la Nativité à Bethléem, a mis en place une forme de soin originale : une clinique ambulante. Une façon d’appliquer l’une des vocations de l’Ordre de Malte dont dépend l’hôpital. Une clinique mobile financée en grande partie par la Fondation Française de l'Ordre de Malte.
Elle se fraye un chemin entre les moutons et les chemins rocailleux et pentus de Galilée. La camionnette de l’hôpital de la Sainte-Famille est tout terrain. Et pour cause, sa mission consiste justement à se rendre dans les villages reculés pour ausculter et soigner les populations sans soin. "Il y a une dizaine d’années, on s’est dit qu’il fallait aller auprès des populations dans les zones où il est assez difficile de se déplacer et où l’autorité palestinienne, du fait de la situation politique, ne peut pas forcément se rendre", raconte Gilles Normand, directeur de la maternité. C’est comme cela que sont nées les "cliniques mobiles", qui permettent "aux gens de recevoir les mêmes soins qu’ils auraient reçus à l’hôpital puisque la camionnette est un petit hôpital ambulant".
La camionnette s’arrête à plusieurs reprises pour ausculter principalement les femmes enceintes âgées de 18 à 40 ans, mais aussi certains enfants ou vieillards comme cette fois-là. Il faut dire que même s’ils ne sont pas très loin de Jérusalem, l’accès aux soins restent un véritable casse-tête. "À cette distance, c’est compliqué d’avoir une voiture. Ici il n’y a pas de bus, pas de transport public", commente une infirmière sur le trajet. Pour se rendre jusqu’à Jérusalem, les habitants devraient débourser une vingtaine d’euros. Une somme trop importante pour la plupart d’entre eux.
À l’arrière du véhicule, tout le nécessaire est là : chaise pour les patients, machine à ultra son, outil pour prendre la tension… Il y a même l’électricité lorsque le chauffeur actionne le contact. "C’est un petit espace mais ça fonctionne bien", se réjouit une soignante. En plus d’offrir un soin de proximité, cette camionnette offre aussi un cadre rassurant. "Ici c’est plus intimiste. De visites en visites elles se sentent de plus en plus en confiance et en sécurité. Elles peuvent confier leurs souffrances et parfois elles se plaignent même de violences domestiques", raconte une autre infirmière.
À distance, Nicolas, le chauffeur observe les allées et venues vers la camionnette. Catholique, il est heureux de travailler pour "ce service [qui] rentre vraiment dans le charisme de l’Ordre de Malte qui est le service des plus pauvres". "C’est touchant, dit-il, de voir les femmes avec les enfants dans des moments plus honorables et fragiles." Mais si l’hôpital et donc la clinique ambulante dépendent de cette association catholique, les membres d’équipage, eux, ne le sont pas tous. "Je trouve ça très chouette et très beau de voir travailler des musulmans et des chrétiens. Ça créé une vraie harmonie", sourit une médecin.
En offrant un service gratuit aux populations grâce à cette clinique ambulante, l’hôpital de la Sainte-Famille ajoute encore du prestige à sa réputation. Et pour cette maternité, la mission est de taille, car c’est "le seul établissement que possède encore l’Ordre de Malte en Terre sainte, là où il est né il y a... 1000 ans !"
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