On le sait depuis plusieurs années mais une étude du Centre national pour la recherche scientifique (CNRS) et de l'université de Montpellier publiée ce lundi 15 mai vient confirmer une triste réalité. En près de 40 ans, le nombre d'oiseaux a chuté de 25% sur le continent européen. En cause notamment, l'artificialisation des milieux.
Cela fait plusieurs années que les observateurs le remarquent, il y a de moins en moins d’oiseaux. L'étude du CNRS et de l'université de Montpellier publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) vient confirmer un triste constat. Et confirme l’impact de l'agriculture intensive sur la perte de biodiversité. "La biodiversité ne va pas bien. On artificialise de plus en plus donc quantitativement il y a moins d’oiseaux", rapporte Yann Février. Directeur du Groupe d'études ornithologiques des Côtes d'Armor (Geoca), il évoque son métier d'ornithologue.
Il existe beaucoup d’associations et de groupes comme la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) qui défendent et étudient la biodiversité. Au sein de cette diversité, les associations sont souvent spécialisées et ont une bonne connaissance de l'avifaune de leurs zones géographiques. "L’ornithologie est mon activité professionnelle, c’est une passion, confie Yann Février, directeur du Groupe d'études ornithologiques des Côtes d'Armor (Geoca). Les oiseaux sont des groupes faciles à observer. Ils peuvent venir à notre rencontre, en ville ou dans nos jardins. Certains viennent parfois taper à nos fenêtres." L’observation est un travail essentiel de l'ornithologue qui s’équipe le plus souvent de jumelles voire d’une longue-vue pour étudier les oiseaux marins.
Le Geoca est souvent sollicité pour l’identification d’oiseaux. "La reconnaissance des oiseaux se fait par expérience", affirme Yann Février. Si pour les insectes et les plantes, il existe des clés d’identification, c'est un peu plus complexe chez les oiseaux. C’est d’autant plus compliqué que les petits oisillons n’ont pas encore un plumage adulte, et que le mâle et la femelle sont différents. On compte une centaine d’espèces d’oiseaux. "Mais l’ornithologue a l’habitude et les reconnaît au premier coup d’aile !" Certaines études s’appuient quasiment exclusivement sur les chants des oiseaux que les ornithologues apprennent à distinguer au travers de différentes méthodes comme l’écoute d'enregistrements ou l’observation des oiseaux sur le terrain. Certains parviennent aussi à imiter les chants d’oiseaux.
Il faut être assez vigilant. Les oiseaux se débrouillent sans nous et le nourrissage a un impact sur les populations. Les nourrir n’est pas une nécessité...
De nombreux auditeurs ont témoigné de leurs observations d'oiseaux à la campagne ou depuis leurs fenêtres en ville. "Il faut savoir s’émerveiller de toutes ses propres observations. On peut agir à son échelle et faire des choses dans son jardin, comme des perchoirs ou des échelles", conseille Yann Février. De fait, Hélène raconte son attention pour l’observation des mésanges qui se baignaient dans l’eau qu’elle leur laissait ainsi que des chardonnerets qu’elle observait discrètement. De même Anne-Marie sait reconnaître les geais, les pinsons, les mésanges ainsi que les troglodytes mignons qui ressemblent aux roitelets. Éliane, quant à elle, raconte avoir sauvé un merle des attaques d’un chat et une tourterelle malmenée par une épervière...
Yann Février tient toutefois à nuancer l'importance des petits actes quotidiens notamment au sujet de la nourriture donnée aux oiseaux. "Il faut être assez vigilant. Les oiseaux se débrouillent sans nous et le nourrissage a un impact sur les populations. Les nourrir n’est pas une nécessité bien que ce soit un plaisir pour les observateurs." Il vaut mieux les observer en pleine nature que dans une cage. Yann Février révèle sa préférence pour les lieux sauvages, surtout en bord de mer où il peut étudier non seulement les oiseaux marins mais aussi les oiseaux du littoral comme les oies, les canards ou les échassiers. Les forêts et les espaces protégés sont aussi des lieux favorables pour les observations qui peuvent aussi se réaliser en hiver. "Certaines espèces chantent en hiver comme le rouge-gorge ou la grive draine." Marie-Joseph, une auditrice, raconte que lorsqu’elle a découvert le chant du rossignol au cours d’une promenade, son ravissement fut une "expérience saisissante".
Un aspect socio-culturel permet une approche particulière des oiseaux. "Certains oiseaux ont une mauvaise image comme les corbeaux ou les rapaces nocturnes" développe Yann Février. On note aussi une image très négative des pigeons qui se reproduisent notamment en ville et que l’on surnomme quelquefois "les rats des airs". Notre chroniqueuse nous raconte à ce sujet une belle légende amérindienne sur le colibri. Cette histoire présente un colibri qui, face à un immense incendie de forêt, est le seul à s’activer en apportant des petites gouttes d’eau. Quand les autres animaux réagissent et lui montrent que son action est inutile, le petit colibri répond : "Je le sais mais je fais ma part.” Cette belle histoire, qui nous invite à agir à notre échelle, donne au colibri un symbole tout particulier. Béatrice, une auditrice, affirme avoir repris force et courage après avoir vu un colibri sous son auvent.
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
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