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Bertrand Cauchoix, une vie de lutte contre la lèpre

Un article rédigé par Thierry Lyonnet, Odile Riffaud - RCF, le 22 janvier 2024 - Modifié le 23 janvier 2024
VisagesDocteur Bertrand Cauchoix, une vie de lutte contre la lèpre

 

Cela fait plus de 35 ans que le Docteur Bertrand Cauchoix parcourt les routes des pays d'Afrique pour soigner les malades. La lèpre en particulier est une maladie qu'il connaît bien. On la croyait entièrement éradiquée et pourtant, elle touche encore des milliers de personnes chaque année.

 

©Fondation Raoul-Follereau©Fondation Raoul-Follereau

 

Du 26 au 28 janvier 2024, ce sont les Journées mondiales des malades de la lèpre. On croyait la maladie éradiquée. Elle est encore présente dans plus de 118 pays. Et on détecte 200 à 250.000 nouveaux cas par an. Depuis plusieurs années, le Docteur Bertrand Cauchoix se bat au sein de la fondation Raoul-Follereau, pour soigner les malades et prévenir une maladie qu'il connaît bien. Cela fait plus de 35 ans qu'il soigne les maladies infectieuses en Afrique.

 

Bertrand Cauchoix, une vie de médecin en Afrique

En plus de 35 ans de métier, Bertrand Cauchoix a "toujours rencontré la lèpre" et "toujours rencontré Follereau", raconte-t-il. Créée en 1968, la fondation Raoul-Follereau est connue dans le monde entier pour son action auprès des malades de la lèpre. Bertrand Cauchoix l’a rejointe en 2007 en tant que conseiller médical et représentant de la fondation. Sa mission est aussi bien de conseiller les responsables au siège de la fondation que d’intervenir auprès des gouvernements pour mettre en place des mesures de dépistage et de prévention. 

Depuis 35 ans, il mène une vie de médecin sur les pistes africaines. "Bizarrement, ma vocation, elle est plus africaine que médicale", révèle le Dr Cauchoix. Fasciné par l’Afrique et attiré par la médecine militaire, il a entamé des études de médecine. "Je me suis dit : Tiens je vais faire médecine pour aller en Afrique !" 

En exerçant à Madagascar puis à Mayotte, en Guinée Bissau et au Burkina Faso, il s’est rapidement orienté vers les maladies infectieuses. Sida, tuberculose, lèpre… "Quand on est médecin clinicien dans un hôpital où on est tout seul, on soigne tout mais c’est surtout les maladies infectieuses." Au Burkina Faso, où il a exercé plus de dix ans en tant que chef de service, il prenait en charge "essentiellement des malades qui étaient co-infestés Sida et tuberculose". C'est là qu'il s'est intéressé aux questions de santé publique. "On soigne ces gens avec les moyens du bord mais qu’est-ce qui se passe avant ?" Bertrand Cauchoix s’est alors engagé dans la prévention et l'approvisionnement des médicaments…

 

La lèpre, une maladie que l’on croyait éradiquée

À fin des années 90, l’OMS a annoncé que la lèpre n’était plus un "problème majeur de santé publique", se souvient Bertrand Cauchoix. "Une terminologie malheureuse" puisque beaucoup ont cru qu’elle était définitivement éradiquée. Pour l’OMS, une maladie n’est plus un problème de santé publique quand il y a "moins de 1 cas pour 10.000 habitants", explique le médecin. Ce qui ne signifie pas que la maladie a disparu. Et dans le cas de la lèpre en particulier, il y a "un problème de sous-dépistage majeur". On ne peut attendre que les malades viennent consulter car ce sont des "malades vulnérables", décrit le médecin, c'est-à-dire qu'ils "n’ont pas accès au système de santé". 

Le premier symptôme de la maladie est "une petite tache décolorée dépigmentée". Comme elle " ne fait pas mal" et qu’elle "ne gratte pas", le malade se dit qu’il n’a pas besoin d’aller consulter…  Surtout s’il lui faut deux jours de marche pour se rendre au centre de santé. Par ailleurs, "les dermatoses sont encore des maladies qui coûtent cher en prise en charge à l’hôpital". Peu à peu le nerf est atteint. Et c’est là où le malade vient consulter en général. "On va le guérir de la lèpre mais on ne guérira pas les séquelles." C’est-à-dire le handicap.

 

La lutte contre la lèpre se gagnera avec le développement

 

La lèpre est-elle contagieuse ?

Souvent, quand on se bat contre la lèpre, ce sont des peurs qu'il faut affronter. Dans l’esprit du public, il s'agit d'une maladie héréditaire ou liée à une malédiction. En réalité c’est "une maladie familiale" parce que le risque de contagion est élevé lorsque l’on cohabite avec un malade. "Il faudrait six heures de vie enfermé avec lui chaque jour pendant minimum un mois pour avoir le risque d’être contaminé", décrit Bertrand Cauchoix. Il parle de "contamination de proximité", qui va donc "toucher des familles mais ça ne veut pas dire qu’elles sont une prédisposition particulière".

Si les soignants n’ont "plus absolument aucun risque" d'être contaminés, beaucoup sont ceux qui ont peur de s’engager pour soigner les malades de la lèpre. De même, "les populations ont peur et rejettent les malades parce qu’ils ont peur. On a tout un travail de sensibilisation à faire et ce n’est pas encore gagné."

La lèpre est une maladie liée au développement, estime le médecin. "Quelqu’un qui est bien nourri dans des conditions sanitaires extrêmement bonnes aura moins de risque, à taux d’infection identique, de développer la maladie que le pauvre gars qui ne mange pas à sa faim et qui vit dans des conditions misérables." Le Dr Cauchoix en est convaincu, "la lutte contre la lèpre se gagnera avec le développement".

 

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