Mener une vie plus sobre : c'est le choix qu'a fait Mathieu Yon. Pour ce maraîcher dans la Drôme, diplômé en philosophie, la sobriété, c'est à la fois très concret et éminemment spirituel. C'est aussi une source de joie et un facteur de paix, puisqu'elle ouvre aux autres et à l'inattendu.
On connaît l'expression de "sobriété heureuse", popularisée par Pierre Rabhi. Mathieu Yon préfère parler de "sobriété joyeuse". "Parler de sobriété heureuse pourrait donner l’idée que c’est superficiel, de l’ordre du bien-être : c’est plus profond que ça pour moi, c’est de la joie !" Maraîcher dans la Drôme et diplômé en philosophie, il a fait le choix d'une vie plus sobre avec sa femme et leurs deux enfants.
Une vie sobre, c'est à la fois très concret et éminemment spirituel. D'abord, "ça passe par une simplification de ses besoins", explique le jeune homme. Par exemple, il ne possède pas de téléphone portable, juste une ligne fixe. Il se sont aussi arrangés avec sa femme pour ne pas faire d’emprunt, afin de ne pas entrer dans la logique d’une maison "toujours plus grande" à mesure que la famille s’agrandit. Il a entièrement retapé celle qu’ils ont achetée dans leur village avec l’argent qu’ils avaient mis de côté. "Ne pas avoir de loyer ni d’emprunt, ça dégage le champ économique ça simplifie aussi beaucoup l’existence."
La sobriété est "un facteur de paix" pour Mathieu Yon car elle permet de prendre conscience d'une commune humanité. "Dans la sobriété il y a forcément de l’empathie, on prend en compte l’existence des autres." Ainsi, c'est ce choix d'une vie sobre, qui les a conduits, lui et sa femme, à héberger Frère Antoine.
À 97 ans, cet ami ermite vivait depuis plus de 50 ans dans une grotte de Roquebrune-sur-Argens, dans le Var. Avec l'âge, il ne pouvait plus vivre seul. Pour le jeune couple, ce n'était pas très "rationnel" de l'accueillir - Mathieu Yon venait de s’installer comme maraîcher avec deux enfants à charge… - et pourtant, cette année passée avec ce vieil homme, a été "une aventure incroyable !" Mathieu Yon a compris que "la sobriété laisse place à l’imprévu, à la fraternité, elle aide à ne pas s’occuper que de soi en permanence".
Mener une vie plus sobre, c'est considérer ses besoins réels plutôt que les injonctions à consommer. Préoccupé par "le matérialisme ambiant" et "la consommation permanente", Mathieu Yon se dit que "cette course à l’accaparement, à l’opulence, elle est sans fin !" À l’inverse, "une fois qu’on est en chemin" vers plus de sobriété, on comprend qu’on "a moins besoin de consommer".
Il y a une dimension spirituelle dans la sobriété. Une vie plus sobre, ça laisse de la place… "à du vide". Or, justement, dans une société qui "a très peur du vide", il s’agit justement d’apprendre à "laisser des choses hors de notre contrôle". Pour Mathieu Yon, vivre plus sobrement, "ça nous rappelle que nous ne sommes pas que de l’avoir".
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