Pays de Savoie
Le Nord de la France a connu des inondations historiques en décembre et début janvier. Les dégâts sont importants et les populations locales demandent aux pouvoirs publics d'agir. Quelles sont les causes de ces inondations et comment les éviter à l’avenir ? Une émission Je pense donc j'agis présentée par Anne Kerléo et Melchior Gormand.
C’est un enjeu de poids : plus de 17 millions d’habitants sont exposés aux conséquences des inondations. Les spécialistes présentent des solutions différentes pour les empêcher et il y a une certaine compétition politique sur le sujet avec des programmes qui se confrontent. Il y a une volonté d’agir, mais la question c’est comment ?
L’être humain a sa part de responsabilité. Les humains causent le réchauffement climatique qui occasionne une augmentation des risques d’inondation. Pour Séverine Durand, sociologue de l’environnement, "on va sortir du climat tempéré et régulier que l’on connaît". Plus l’air est chaud et plus il contient de vapeur d’eau, qui peut se transformer en fortes averses. "Il y a aussi la fonte des glaces qui provoque la hausse du niveau des mers", ajoute Joana Guerrin, chercheuse en sciences politiques à l’INRAE.
Les inondations sont aussi causées par le développement de zones exposées et le mauvais aménagement des territoires selon la chercheuse. "Nous construisons de plus en plus ce qui encourage ce type de phénomène", précise-t-elle. L’artificialisation des sols et le développement de zones goudronnées favorisent le risque d’inondation : s’il y a plus de zones imperméables, cela va accélérer le ruissellement de l’eau car il y aura moins de sols marécageux comme le précise Patrick, un auditeur de RCF.
"C’est une période de transition", pour Séverine Durand. La sociologue parle d’une "multiplication des extrêmes météorologiques". C’est-à-dire qu’il y aura plus de longues périodes sans pluie, voire de sécheresse. Cependant la pluie va garder la même quantité et sera moins répartie.
La culture du risque n’y est pas. La prévention n’est pas suffisante et il y a une grande difficulté à assumer la vulnérabilité du territoire. Pour Oriane Cébile, conseillère environnement à Intercommunalités de France, il faut travailler davantage sur cette culture du risque, qui passe par une sensibilisation des habitants et une meilleure gestion. Les catastrophes qui sont déjà arrivées ont quand même permis une progression sur le sujet : difficile de ne pas se souvenir de l’inondation de Vaison-la-Romaine en 1992, qui avait causé la mort de 47 personnes et fait quatre disparus. "Ce type de grande catastrophe a marqué l’histoire et a engendré des plans de prévention qui viennent s’opposer aux plans d’urbanisme", selon Séverine Durand.
Construire des digues est une solution uniquement à court terme. C’est une longue construction qui permet de canaliser un cours d’eau et de protéger la zone inondable. Cependant, elles sont coûteuses et ne pourront pas toujours être efficaces : elles peuvent rompre et offrent une protection temporaire à cause du réchauffement climatique qui cause la montée des eaux.
Quelles sont les alternatives ? Il existe des zones d’expansion des crues. C’est un espace aménagé pour que la crue puisse déborder et s’y étendre. "Ce sont des lieux moins habités, avec des enjeux moins importants. Les eaux y sont orientées et stockées le temps que la crue passe", éclaircit la chercheuse Joana Guerrin. Ces zones pourraient être restaurées car les crues sont un "fonctionnement normal auquel il faut s’adapter". Une autre piste serait la végétalisation car les forêts et les arbres absorbent l’humidité, comme le souligne André, auditeur de RCF. Il y a aussi des "solutions fondées sur la nature" (SFN), comme la restauration de zones humides ou de cours d’eau. Joana Guerrin met l’accent sur l’importance de la biodiversité dans le processus : "Tout doit se faire en accord avec les besoins de la faune et la flore locale pour permettre un réel gain pour la biodiversité."
Les solutions sont là, mais les freins sont nombreux : il y a un manque de moyens considérable et une résistance culturelle au changement. La population n'est pas assez sensibilisée sur les risques, ce qui n'aide pas pour mettre en place des solutions durables et efficaces.
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