Connue pour ses mines d’or et ses diamants, la République centrafricaine est pourtant le quatrième pays le plus pauvre du monde. À cela s’ajoute un conflit incessant : la guerre qui sévit depuis plus de dix ans. Si la majorité des habitants sont catholiques, le pays compose avec différentes religions et ethnies, profondément divisées. Pour y remédier, des jeunes s’engagent avec l’association Pijca.
En République centrafricaine, les jeunes représentent 75% de la population. Un chiffre non négligeable au regard des 5,5 millions d'habitants du pays. Beaucoup d'entre eux n'ont connu que la guerre. Lassés de vivre dans un pays belliqueux et de connaître les atrocités, certains ont choisi d’œuvrer à la paix, à leur manière et à leur échelle. C’est à Bangui, la capitale du pays, que la Plateforme interconfessionnelle de la jeunesse centrafricaine (PIJCA), soutenue par le CCFD-Terre solidaire, a vu le jour.
"En 2013, avec la crise confessionnelle qui sévissait, on a choisi de se lancer", témoigne l’un des fondateurs de l’association. L’idée est alors de regrouper toutes les associations qui œuvrent pour la paix, peu importe la religion. Réunir des chrétiens et des musulmans semble être une solution efficace pour répondre à la crise. Les jeunes de la Pijca forment à la médiation : plus de 200 médiateurs ont été formés depuis 2013, et rayonnent à travers le pays. Ils vont dans les villes et les villages, au plus proche des communautés qui vivent la guerre. Sensibilisés aux droits de l’homme et à la citoyenneté, ils sont les témoins et les relais du vivre-ensemble.
"On veut l’unité et l’égalité. Entre les chrétiens et les musulmans, entre les riches et les pauvres…" La Pijca aide également les anciens combattants, confrontés aux offres alléchantes des groupes armés qui veulent les recruter. Pour contrer cela, la Pijca les aide par exemple à monter leur commerce, passe-droit pour sortir de la précarité.
"On est tous à la merci des groupes armés", témoigne une ancienne combattante. Paul Cresson Beninga, directeur du Centre centrafricain de recherche et d’analyse géopolitique, observe que "la recrudescence des violences armées alimente le climat de méfiance entre les localités". Les jeunes se battent contre les fantômes du passé qui empêchent le bon vivre-ensemble. Déjà implantée dans onze des vingt régions du pays, la Pijca vise à s’étendre davantage.
Reconnecter les habitants est au cœur de la mission de l’association. "La guerre a allumé les tensions, alors qu’il y avait une bonne cohabitation avant." Certains villageois témoignent de l’efficacité du travail effectué par les membres de la Pijca. "Pour reconstruire la mosquée, on s’est tous mis ensemble, main dans la main. Le village a repris vie”, témoigne une habitante. La reconstruction se fait pas à pas. À Boda, ville de 30.000 habitants, nombreux sont ceux qui attendent d’être logés. Un habitant sur cinq est déplacé, contraint à fuir son lieu de vie. 50 familles peules attendent d’être hébergées. La Pijca les aide en construisant des maisons vouées à les accueillir.
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