Croix de malte sur fond rouge : la camionnette de l'association se gare avenue de Cran, à Annecy. Annie et Didier en descendent. Ils viennent de récupérer les invendus des boulangeries, des repas chauds offerts par des restaurants ou d'autres associations. Jacques les rejoint : médecin en retraite, il participe à des maraudes médicalisées, le vendredi. Les trois bénévoles enfilent leur gilet réfléchissant, remplissent le camion d'eau chaude, et c'est parti !
Premier arrêt sur le parking d'une supérette, en cœur de ville. Quatre personnes sans domicile fixe attendent. Un quadragénaire accepte volontiers le plat chaud qu'Annie lui propose. Et demande un sandwich, en plus : "Je fais des petits boulots. En ce moment c'est difficile". A côté, un homme plus âgé : "vous auriez une couverture ?".
La porte du véhicule claque à nouveau. Moteur. Nouvel arrêt. En vieille ville, les porches d’église, les arcades, les passages, sont autant de lieux où les maraudeurs vont trouver les habitants de la rue. Ceux qu’ils connaissent et ceux qu’on leur signale.
Il y a Ahmed, dans sa tente, qui n’est pas très en forme en ce moment. Il y a Renato, qui remplit sa gourde de thé à chaque stop de la camionnette. Un groupe un peu excité à l’arrêt suivant. Puis Nicole, endormie entourée de sacs au milieu du trottoir. Et ces trois jeunes, avec une chienne allaitante.
"On offre du réconfort et de l'attention, mais on ne pose pas de questions, explique Didier. S'ils veulent parler, ils parlent. Parfois ils sont de bonne humeur, parfois pas !"
"Les maraudes ne se sont jamais arrêtées, même pendant le premier confinement" souligne Céline, responsable des maraudes de l'Ordre de Malte à Annecy. "Il a fallu s'adapter : porter les masques, mettre une table et des barrières pour les distances, désinfecter... Pour les gens de la rue, les confinements et couvre-feu rendent la vie encore plus difficile".
Ce soir-là, en plus des sandwichs, viennoiseries, plats chauds et couvertures, près de quatre-vingt soupes auront été distribuées. Annie aura noté des dizaines de prénoms sur le cahier de liaison, pendant les trajets. Et tant de sourires auront été offerts par l'équipe... derrière les masques.
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