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Isolement et précarité se conjuguent au féminin
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Isolement et précarité se conjuguent au féminin

Un article rédigé par Claire Granger - RCF,  -  Modifié le 24 mars 2021
La chronique des Petits Frères des Pauvres Isolement et précarité se conjuguent au féminin
Claire Granger alerte sur les phénomènes d'isolement et de précarité qui touchent davantage les femmes âgées qui, souvent, n'ont que peu travaillé dans leur vie.
DR DR

Le 8 mars, c’est la journée internationale des droits des femmes. À cette occasion, je veux rappeler que l’isolement des aînés se conjugue au féminin. Les personnes âgées les plus isolées sont des femmes de plus de 75 ans, qui vivent seules, avec des revenus modestes. Ce sont d’ailleurs la majorité des personnes accompagnées par les Petits Frères des Pauvres. 

Si cette situation s’explique d’une part par la démographie puisque les femmes vivent toujours plus longtemps que les hommes, les personnes qui bénéficient actuellement du minimum vieillesse sont celles qui ont eu des carrières incomplètes, voire pas de carrière du tout et les femmes qui n’ont que peu travaillé surtout si elles ont élevé les enfants en font partie. 

Cette situation de précarité vient renforcer l’isolement. En effet, comment peut-on vivre correctement avec 906 euros par mois ? Quand on a de tout petits revenus, on privilégie par obligation l’essentiel et on renonce aux sorties, aux activités de loisirs, aux repas entre amis, aux vacances. La précarité accentue fortement le repli sur soi et la peur de ne pouvoir vieillir dignement. 

Et cette peur est légitime car certaines personnes âgées ont honte de devoir faire la queue pour les distributions alimentaires alors qu’elles avaient toujours réussi à se débrouiller par elles-mêmes jusque-là et d’autres vivent de véritables drames liés à la précarité. Comme Michèle qui a été expulsée de son logement à 83 ans et a vu tous les souvenirs d’une vie dispersés par les huissiers. Aujourd’hui, relogée et accompagnée par nos équipes de banlieue parisienne, elle reconstruit peu à peu sa vie et son univers. 

Un tiers de femmes travaillent à temps partiel et cela concerne principalement les moins diplômées et celles ayant plus d'enfants. La précarité des familles monoparentales est inquiétante. Le nombre de femmes de plus de 55 ans au chômage est supérieur à celui des hommes. Les emplois peu qualifiés et peu rémunérés sont souvent occupés par des femmes. Prenons l’exemple des professionnelles du Grand Âge, à domicile comme en établissements, ce sont des métiers majoritairement féminisées et précarisées. Aides-soignantes, aides à domicile, ces métiers indispensables face aux enjeux de la longévité sont hélas souvent synonymes de précarité.  Si notre société n’améliore pas les conditions de vie et de travail de ces femmes actives mais fragilisées, nous risquons d’être confrontés dans les années à venir à une hausse des situations de précarité et d’isolement chez les générations qui vont parvenir à la retraite. 

Lutter contre l’isolement de nos aînés, c’est aussi militer pour de meilleures conditions de vie des plus jeunes pour que devenus vieux ils ne connaissent pas la précarité.

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