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La vision chrétienne des relations entre l'homme et la nature

Un article rédigé par Jeanne d'Anglejan - RCF, le 23 novembre 2022 - Modifié le 30 novembre 2022
Où va la vie ? La bioéthique en podcastLa bioéthique face aux défis écologiques (1/3) La vision chrétienne des relations entre l'homme et la nature

Aujourd'hui on entend beaucoup dire que si notre terre est dévastée c'est de la faute d'une certaine éthique chrétienne qui a fait que l'homme s'est cru autorisé à être propriétaire de la création. Dans la Bible, on peut lire en effet : "Remplissez la terre et soumettez-la" (Gn 1, 28). Mais il est aussi question dans les Écritures saintes que l'être humain soir le gardien responsable de la création. Alors que la COP27 vient de s'achever et que les débats autour de l’écologie sont de plus en plus prégnants, comment comprendre la vision chrétienne de l'écologie ? 

Des jeunes catholiques sensibilisent au message du pape François et au label Église verte, à la Pitié Salpêtrière, en septembre 2021  ©Corinne SIMON / Hans LucasDes jeunes catholiques sensibilisent au message du pape François et au label Église verte, à la Pitié Salpêtrière, en septembre 2021 ©Corinne SIMON / Hans Lucas

La Genèse comme fondement

 

Dominique Coatanea est maîtresse de conférence, docteure en théologie et présidente de l’Atem, association de théologiens et théologiennes pour l'étude de la morale. Dominique Lang est, lui, un religieux passionné d’écologie, journaliste au magazine hebdomadaire Le Pèlerin. Pour eux, les origines de l’écologie se trouvent dans la Bible. La Genèse est la "fresque d’un Dieu créateur du ciel et de la terre". Ils soulignent la forme poétique du récit qui met peu à peu en scène la création. "Dieu voit que cela est bon", citent-ils pour souligner l'importance de conserver quelque chose de bon. Dominique Lang pointe du doigt la pluralité de récits de la création dans la Genèse. L’un d’eux se base sur une perte, une rupture d’harmonie, le "réveil douloureux de la sortie du paradis". L’autre est davantage un récit d’obéissance, dans lequel l’humain se voit responsabilisé. Il doit apprivoiser la nature environnante et "devenir jardinier de l’espace qui lui est donné".

 

Dominique Coatanea estime que l’on peut ajouter une couche de complexité dans cette interprétation. "L’homme est invité à se dominer et à se comprendre dans son contexte. En même temps, il doit laisser l’œuvre se déployer selon chaque espèce." C’est la fresque de l’harmonie.

 

L’Homme pris d’hubris

 

Est-ce que l’homme s’est laissé emporter par sa propre puissance ?  Dominique Lang souligne qu’à la relecture des événements, on constate des guerres et de la jalousie mais aussi du positif. La complexité est de tenir une parole d’espérance en contrant "l’orgueil et le sentiment d’auto-suffisance propre à l’homme". Dans la configuration actuelle, Dominique Coatanea vante une autre manière de penser. L’enjeu majeur est de "garder" le jardin. "On a longtemps cru que dominer pouvait unifier", assène-t-elle. Laudato Si', ’encyclique du pape François sur l’écologie intégrale va en ce sens.

 

Les jeunes générations s’expriment de plus en plus en montrant leur mécontentement et leurs inquiétudes. Pour Dominique Lang comme pour Dominique Coatanea, c’est une interpellation légitime. "On doit avoir beaucoup de tendresse pour les futures générations", insistent-ils. L’éco-anxiété est davantage le "signe d’un réveil et d’une attention nécessaires" que quelque chose d’anormal. Les plus jeunes conscientisent les plus âgés, et le dialogue doit favoriser l’écoute au détriment du mépris, dans une démarche pacifique. Dominique Coatanea pousse les jeunes à s’engager et à faire entendre leur voix. "Dessinez votre paysage, et questionnez la place de l’humain au sein de la création", encourage l'intervenante.

 

L’humain et le non-humain : le défi de faire corps

 

Pour les intervenants, parler de l’humain et du non humain revient à "nier la communauté de destins qu’on a avec cette partie de la création". Dominique Lang rappelle que d’un point de vue spirituel, "nous sommes tous des créatures". Il est également important de comprendre les manières plurielles d’entrer dans le dialogue entre nature et culture. Dans la Genèse, le récit de la relation entre l'humain et l'animal souligne une proximité "bien plus grande que ce que la dichotomie entre nature et culture voudrait nous faire croire". Dominique Coatanea pousse à réfléchir à ce qu’il y a entre nous et tout ce qui nous entoure. 

 

©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Où va la vie ? La bioéthique en podcast
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