A Lille, l'accueil de jour de l'EHPAD Saint-Antoine de Padoue aide les malades d'Alzheimer à se maintenir à domicile. Un travail minutieux sur l'autonomie et la sociabilité pour soulager les patients et leurs aidants.
Une vingtaine d’usagers se retrouvent tous les jours dans cette grande salle commune attenante à l’EHPAD Saint-Antoine de Padoue à Lille. Le rythme du quotidien y est bien huilé. Jeux, sorties, gymnastique ou encore ateliers de stimulation de la mémoire. "C'est pas toujours facile de ce côté là" sourit Philippe, en plein quizz sur Serge Reggiani.
Pour l'instant je suis maître de ma maison
Chaque usager suit un programme concocté sur mesure par l'équipe de Valérie Vandelanoitte, infirmière coordinatrice du service. "L'objectif est de leur permettre de rester le plus longtemps chez eux" résume-t-elle. C'est le cas de tous ses patients. Comme Michel, 81 ans, les cheveux blancs coiffés en catogan. "Je fais la cuisine, les courses, le ménage...Pour l'instant je suis maître de ma maison" résume-t-il, conscient que cela ne durera pas.
Soulager les aidants
Chaque malade étant unique, le nombre de demi-journée de présence au sein de l’accueil de jour varie. Certains ne viennent que quelques heures dans la semaine. D'autres y passent le plus clair de leur temps. Malika dépose son mari ici tous les jours depuis deux ans. "Cela me soulage énormément. Je dois le surveiller tout le temps. Je ne peux même plus sortir toute seule" explique-t-elle. La maladie de son mari s'est déclarée en 2020. Le placer ici n'a pas été facile à accepter. "Il ne voulait pas y aller. Maintenant il vient tous les jours mais il ne me dit plus rien sur ce qu'il y fait" regrette Malika.
Les usagers de l'accueil de jour sont tous condamnés à le quitter. La maladie d'Alzheimer est une maladie dégénérative incurable. L'étape suivante est souvent le placement en EHPAD. "Lorsque la personne ne répond plus aux activités de stimulation ou lorsque l'on sent qu'elle n'a plus envie d'être ici, on prépare son placement en EHPAD avec la famille" explique Valérie Vandelanoitte.
Recréer des liens sociaux
Autre gros chantier pour les équipes de l'accueil de jour : sociabiliser des patients souvent isolés. "On doit retisser des liens sociaux et une identité sociale avec des personnes qui se replient sur elles-mêmes avec la maladie" explique Magali, aide-soignante depuis 12 ans en accueil de jour. Un exercice pas toujours évident entre les résidents témoigne Fatima. Accueillie depuis 2 mois, elle n'a pas sa langue dans sa poche. "Moi j'y vais tout doucement, les gens n'ont pas forcément la confiance pour parler avec tout le monde" explique-t-elle.
Chaque temps de vie partagé, chaque petit échange du quotidien, est un moment volé à la maladie. Et autant de moments de répit pour les patients et leur famille. "On est vraiment dans l'instant présent, dans le petit plus qu'on leur apporte tous les jours" explique Valérie Vandelanoitte. "Le fait de les voir ravis d'être ici, cela nous suffit" conclut l'infirmière.
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