Comment agir face à la crise écologique ? Qui croire ? À l'occasion de la Journée mondiale de la création, on questionne le mythe du progrès. Et l'idée qu'il suffit de s'en remettre à la technologie pour venir à bout de la crise écologique.
Le Temps de la création (du 1er septembre au 4 octobre) est une initiative de plusieurs Églises chrétiennes pour éveiller les consciences. Peut-on croire que la technologie va nous permettre de résoudre la crise écologique ? C’est en tout cas le discours affirmé par certains. L’idée que, à long ou moyen terme, nous parviendrons grâce à la technique à respecter les grands équilibres écologiques. Un discours qui est le fruit d’une illusion, tout juste bon à nous rassurer ?
Face à la gravité de la crise écologique, certains affirment une confiance absolue en la technique. Mais cela peut avoir un effet démobilisateur : l’idée que, au fond, on peut continuer à vivre comme avant. Pour Dominique Lang, religieux assomptionniste, journaliste à l'hebdomadaire Le Pèlerin et auteur de "Générations Laudato Si'" (éd. Bayard, 2020), cela ressemble fort à "un discours de pays qui riches qui disent : ça nous va très bien comme on est, on ne touche à rien, on referme nos frontières, on referme nos imaginaires et on garde ce qui existe pour ne surtout pas remettre en cause les excès que nous produisons aussi ailleurs".
Or, si on a fait des progrès considérables en ce qui concerne le solaire ou l’éolien, on oublie que certains de nos contemporains subissent déjà les effets du changement climatique. Dire à ceux qui doivent quitter leurs terres ancestrales "dans 10 ans on trouvera une solution technologique : cela n’a aucun sens !" s’exclame le journaliste.
La technique fait une promesse qui est beaucoup trop grande pour elle
Le rapport à la technique, au "mythe du progrès", revient souvent dans Laudato Si’. Le pape François dit que la technique "fait une promesse qui est beaucoup trop grande pour elle", résume la théologienne Dominique Coatanea, maître de conférences en théologie morale et éthique au Centre Sèvres - Facultés jésuites de Paris et membre de Justice et Paix – France. Dans son encyclique, le souverain pontife dénonce "la confiance aveugle dans les solutions techniques". "Le paradigme technocratique, écrit-il, est devenu tellement dominant qu’il est très difficile de faire abstraction de ses ressources, et il est encore plus difficile de les utiliser sans être dominé par leur logique." (Paragraphe 108)
En regard, le pape François propose un autre défi : celui de la vie relationnelle. Selon Dominique Coatanea, c’est là tout l’enjeu de notre société actuelle : "entendre qu’il faut d’abord apprendre à vivre". "Ce qui fait la vie humaine, c’est la vie relationnelle… La relation c’est se frotter les uns aux autres, dans des relations qui vont nous épanouir ou nous faire souffrir mais qui vont dans la réalité de notre vie de corps, on pourrait dire de chair et d’esprit, nous mettre en relation avec les éléments positifs et négatifs." L’enjeu pour les générations prises dans le tout-technologique est de prendre conscience "de ce qui fait la vie humaine". Une question éminemment spirituelle.
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