Brest
Le poisson-scie d'Océanopolis, à Brest, va quitter l'aquarium avant la fin du mois d'octobre. Il va rejoindre d'autres individus dans le cadre d'un partenariat avec les aquariums de Montpellier et de Valence, en Espagne. Objectif : tenter de reproduire l'espèce en captivité.
Le poisson-scie hébergé dans le pavillon tropical d’Océanopolis, à Brest, depuis 2001 va quitter le centre de découverte des océans dans les jours qui viennent. La date est tenue secrète mais l'opération sera réalisée d'ici à la fin du mois d'octobre. Une décision qui découle du statut de protection de l'espèce : en effet, il existe seulement quatre individus dans des aquariums en Europe ! « Et il n'y en aura jamais plus, sauf s’il y a un jour de la reproduction en aquarium ! » précise Dominique Barthélémy, conservateur en charge des organismes vivants à Océanopolis.
La démarche s'inscrit dans un partenariat avec deux autres aquariums, celui de Montpellier et celui de Valence, en Espagne. L’objectif pour leurs conservateurs est de mettre en place deux paires d'animaux mâle et femelle qui, potentiellement, pourraient devenir des couples. « Il y a un accouplement pour la reproduction chez les requins et les raies, et cela pourrait donc déboucher sur une production de juvéniles. Mais nous n'en sommes pas encore là ! », continue Dominique Barthélémy.
« On connaît très peu les cycles de reproduction de ces poissons et nous avons cette responsabilité, vis-à-vis de ces animaux (et de la science aussi), de contribuer à une meilleure connaissance des cycles de vie chez le poissons-scie. Nous avons une opportunité unique d'observer quels sont leurs cycles de reproduction et de tenter cette reproduction en aquarium. »
Mais, d’abord, il faut les mettre ensemble, et c'est une opération complexe ! « On ne peut pas prendre de risques avec ces animaux, qui sont potentiellement dangereux pour les intervenants à cause de leur rostre. Il faut encadrer cela avec des protocoles vétérinaires et trouver le moyen de transport adéquat pour que l'animal puisse rester une quinzaine d'heures, au minimum, dans le camion de transport. » Les techniques existent au sein de la communauté des aquariums, mais la taille du poisson-scie d’Océanopolis, qui fait plus de trois mètres de long, rend l’opération délicate... Le camion qui va le transporter sera équipé d'un bassin de six mètres de long pour une contenance d'environ 20 000 litres d'eau de mer ! Le jour du départ, une douzaine de personnes sera mobilisée pour l'opération de transfert vers le camion. L'opération sera entièrement minutée et des répétitions ont été prévues en amont.
Le poisson-scie n’a pas vocation à revenir ensuite à Océanopolis. Il part pour un « prêt de longue durée », dans le jargon des aquariums ou des parcs zoologiques. « C'est une petite perte », en convient Dominique Barthélémy. « Mais il faut mettre cela au regard de l'enjeu écologique et des connaissances qu'on pourra acquérir sur la reproduction de cette espèce. Ces connaissances pourront ensuite potentiellement servir pour mieux protéger l'espèce dans le milieu naturel. » A l’exemple de ce qui a déjà été réalisé, avec succès, par les équipes d’Océanopolis sur les coraux tropicaux ou sur le requin-zèbre. « La connaissance développée par les aquariums publics devient essentielle, à un moment ou un autre, pour la communauté scientifique ! »
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