Le train, l'avenir du transport en France ? Alors qu'en 2022 les français pourront rallier Paris à Vienne en train de nuit, qu'en 2021 les lignes Paris-Lourdes et Paris-Nice ont été relancées, le gouvernement prévoit d'ouvrir encore une dizaine de lignes d'ici à 2030. Le train semble avoir le vent en poupe mais a-t-il un réel intérêt écologique, économique et pratique ? Melchior Gormand et Anne Kerléo en discute avec leurs invités dans cette émission en partenariat avec le magazine Kaizen.
C'est en 1837 que les premiers voyageurs français ont pu embarquer dans un train à propulsion vapeur reliant Paris à Saint Germain en Laye. Une révolution pour l'époque. Petit à petit, le train va devenir leader dans le marché du transport en commun avant d'être boudé au profit de l'avion, plus rapide mais, on avait tendance à l'oublier trop facilement à l'époque, extrêmement polluant. Le récent rapport du GIEC nous alerte : se tourner vers une mobilité plus durable est non-négociable. Un retour au ferroviaire est-il une solution écologique ? La réponse est oui "pour autant qu'il y ait des gens dedans, si vous faites rouler des trains vides dans la campagne, ils vont bien fonctionner avec de l'énergie" rappelle Nacima Baron, docteure en géographie, professeure à l’université Gustave Eiffel à Champs-sur-Marne. Il est donc crucial de réfléchir au service que peut proposer le ferroviaire avant d'étendre l'envergure du traffic. Pour Samuela Burzio, fondatrice de l’association OUAT - Once upon a train, il "faut opérer un changement culturel" dans notre rapport aux déplacements en train. "Je pense surtout aux voyages et au tourisme. On a grandi avec des images partout d'avion qui nous emmène sur la plage du bout du monde [...] quand je dis changement culturel c'est qu'effectivement il faut s'imaginer une autre manière de voyager où certes ça prend plus de temps mais je pollue moins" ajoute-t-elle.
Nos modes de vies ont été impactés par la pandémie de Covid et les différents confinements. Nous nous posons la question de notre rapport au travail, au voyage et à nos déplacements. Pour beaucoup de citoyens le Covid a été à l'origine de plus de flexibilité, de moins de déplacements, d'unifier sa vie professionnelle et personnelle mais aussi de prendre le temps. Avec les moyens déployés dans les trains aujourd'hui, notamment la présence d'internet, il est simple de travailler à bord par exemple. Prendre le temps du voyage n'est donc pas forcément source de perte d'efficacité.
Par ailleurs, la pandémie a également donné la part belle à l'utilisation du vélo en France. On observe une explosion des ventes de vélos électriques et des aménagements de pistes cyclables en ville. Pour Juliette Labaronne, journaliste indépendante, auteure du dossier "Prendre le train pour changer d'air" dans Kaizen ce sont de bonnes nouvelles qui vont dans le sens de la "multimodalité". "Le vélo est l'allié du train et vice versa que ce soit pour des trajets du quotidien ou des trajets plus longs" constate-t-elle. La demande de plus en plus important de la présence d'espaces vélos dans les TGV en atteste. "Les gens veulent de déplacer plus proprement et il faudrait pouvoir les accompagner plus facilement d'un point de vue d'organisation, d'offre. Cette offre là elle n'a pas été imaginée suffisamment massivement pour répondre aux attentes et aux besoins des populations" ajoute Juliette Labaronne. Le succès futur de l'utilisation du train dépendra de la mise en oeuvre d'une offre adaptée à l'accessibilité, aux finances et aux modes de vies de chacun. Des enjeux cruciaux pour l'avenir de se mode de transport.
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