Les Français ont bien en tête les effets du dérèglement climatique : pour autant, le pouvoir d'achat reste leur priorité, comme le montrent les différents sondages. Une contradiction que Nicolas Descamps connaît bien. Originaire du bassin minier du nord de la France, il vient d'un territoire où l'industrie est restée longtemps prédominante. Il livre son regard d'élu engagé dans l'écologie.
Au début du mois de février dernier, un sondage Ipsos pour Le Parisien révélait que 94% des Français considèrent que le dérèglement climatique est "un enjeu capital". Un mois auparavant, on pouvait lire dans Les Échos que, selon un sondage Opinionway "la priorité des électeurs" est "le pouvoir d’achat". Des résultats ambivalents, qui montrent tout le paradoxe au cœur de la prise de conscience écologique.
"Dans leur quotidien, les personnes trient leurs déchets et participent à leur niveau", observe Nicolas Descamps : pour autant l’écologie "c’est toujours très loin", quand ça ne fait pas un peu "bobo". On a d’un côté "des êtres humains qui veulent satisfaire leurs besoins, leurs envies" et à qui "l’environnement ça échappe un peu". De l’autre, 40 ans de Sommets de la terre et de rapports du Giec – d’ailleurs le dernier vient de sortir dans "un anonymat complet", note Nicolas Descamps. L’écologie, résume-t-il, "tout le monde en a conscience mais ça fait peur".
Est-on dans le déni ? C’est en tout cas ce que laisse entendre le film sorti en décembre dernier, "Don't Look Up : Déni cosmique », d’Adam McKay avec Leonardo DiCaprio. "Une satire de notre société", pour Nicolas Descamps. "On est dans le déni quelque part et chacun n’arrive pas à procurer les efforts nécessaires."
Un "déni" à l’échelle individuelle mais aussi au niveau des grandes instances de décision. "Moi, je suis élu communal mais je pense qu’au niveau national, mondial, il y a un gros souci, un très gros souci entre qui gère réellement cette planète et qui est à sa tête en terme de gouvernance."
L’adjoint au maire d'Hersin-Coupigny est originaire du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. Un territoire où l’industrie était prédominante et où "l’environnement était très loin…" C’est toujours un peu le cas aujourd’hui.
Le groupe Suez envisage la création d’une installation de stockage de déchets dangereux (ISDD) sur le site de la société Scori, à Hersin-Coupigny. Ce qui, selon l’élu, reviendrait pour "une petite commune" à "supporter quasiment les déchets de tous les Hauts-de-France".
"J’en veux beaucoup à l’industrie, au capitalisme… Les lois sont faites pour l’industrie, les normes sont avant tout industrielles et non pas humaines, c’est ce qui manque souvent dans les débats." Nicolas Descamps l’admet, le dialogue les citoyens et les élus "n'existe quasiment pas".
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