Le programme jésuite d’accompagnement des réfugiés “JRS” se décline à Marseille sous plusieurs formes. Un programme d’accueil dans des familles du territoire, d’une part et des cours de français, basés sur des temps d’accueil et d’échanges, d’autre part.
Timothée, religieux jésuite, animateur de JRS, Bernard Delanglade, coordinateur du JRS dans les Bouches du Rhône et Noman, réfugié afghan, partagent leur expérience dans cette émission.
Les années 1980 connaissent une forte médiatisation des “boat people”, le drame de ces familles entières venues d’Asie qui fuient le communisme, les persécutions et la guerre dans des embarcations de fortune sans savoir où ils vont. Des images qui ont fortement ému le père Pedro Arrupe, alors supérieur général des Jésuites. Il décide de fonder un service jésuite d’accueil des réfugiés baptisés JRS. Le programme propose divers accompagnements pour les réfugiés et demandeurs d’asile.
JRS fonde son action sur une rencontre personnelle comme le programme “welcome” qui propose à des familles du territoire d’accueillir chez elle un demandeur d’asile majeur, durant cinq semaines en moyenne.
Bernard Delanglade, coordinateur du JRS dans les Bouches du Rhône précise que l’accueil se fait comme pour un invité, dans une chambre séparée pour bien respecter l’intimité de chacun.
Il reconnaît qu’il n’est pas facile de trouver des familles accueillantes, cela prend du temps et se mûrit. Étant à la retraite avec des chambres disponibles, il accueille avec sa femmes des réfugiés depuis cinq ans. Le premier s’appellait Mohammed et venait de la Sierra Léone. Sa venue dans le foyer de Bernard a été comme une découverte: “on s’est ouvert au monde (...) nous avons été sidéré de sa capacité à se mettre au diapason de notre façon de vivre (...) c’est fondateur pour un parcours d’insertion dans notre pays”, raconte-t-il, “ce qui nous a touché, c’est la confiance, qu’il nous a témoigné et la confiance qu’on lui a faite”. Ils lui confient les clés de leur maison alors qu’ils ne l’avaient jamais fait en dehors du cercle familial.
Bernard complète en reconnaissant que l’accueil des réfugiés chez lui “à contribuer à consolider (sa) vie de couple” et à s’ouvrir davantage sur l’extérieur et trouver du sens.
Timothée, religieux jésuite et animateur JRS à Marseille explique que les réfugiés passent souvent par plusieurs accueils dans des quartiers différents de Marseille comme le Roucas, la Joliette ou encore Air-Bel. La chose la plus importante pour lui est de les sortir de l’urgence de la vie à la rue ou dans les squats et de leur proposer “une vraie gratuité” et “une vraie rencontre”.
En parallèle de cet accueil dans les familles, JRS propose également des cours de français. Des cours qui débutent par un café et un temps d’échange pour prendre des nouvelles des uns et des autres. Des cours individualisés pour chaque réfugié. Noman, réfugié afghan arrivé en France en 2021, y participe régulièrement et a même emmené des copains afghans. Il aime aussi participer à des cours de cuisine et des matchs de foot avec les autres réfugiés et les bénévoles.
Pour Timothée, il s’agit de “remettre debout des êtres humains”, il ajoute, “parfois tout est retourné, celui qui pensait donner se trouve à recevoir, et ça c’est une expérience extrêmement forte sur le plan spirituel”.
Et Bernard Delanglade de conclure, “ l’objectif ce n’est pas de sauver la terre entière, ni de faire du chiffre, c’est de proposer à des personnes qui sont en parcours d’exil de se rencontrer et de vivre des temps ensemble”, en résumé, “prendre le pari de la rencontre”.
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