Maredsous
Lorsqu’on se rend à l’abbaye d’Orval, on pense d’abord aux ruines, puis à la bière. Un autre aspect de l’abbaye que l’on connaît moins est la présence des chauves-souris. Trois espèces de chauves-souris rares vivent en effet dans la réserve naturelle jouxtant l’abbaye et dans les ruines.
Nous retrouvons Cécile Bolly dans la cour des retraitants. Cette médecin est aussi guide-nature et c’est elle qui nous emmène à la rencontre des chauves-souris qui vivent près des moines.
À quelques centaines de mètres de l’abbaye, les visiteurs peuvent se lancer dans une balade qui les mènera à travers une réserve naturelle. Celle-ci, nous explique Cécile Bolly, est composée de trois milieux, tous intéressants pour la biodiversité locale. “La majeure partie de la réserve, ce sont des prairies dans lesquelles il y a des vaches Highlands qui pâturent. Elles sont le terrain de chasse favori des chauves-souris.”
La réserve naturelle existe en tant que telle depuis 2009. Au-delà des prairies, deux autres milieux sont présents : une mégaphorbiaie et une forêt alluviale. La première est une zone de transition entre la forêt et la prairie. La seconde est une forêt en partie sous eau pendant l’hiver. Ces deux zones permettent de développer une végétation particulière. Le tout offre un cadre de vie propice pour les trois espèces de chauves-souris qui vivent et sont protégées à Orval : le grand et le petit rhinolophe et le grand murin.
Les trois espèces de chauves-souris présentes à Orval sont considérées comme rares, voire même très rares. Mais elles ne sont que trois espèces sur la vingtaine qui vit ou en tout cas a vécu dans notre pays.
“Pour comprendre la vie des chauves-souris, il faut savoir qu'elles ont trois lieux de vie différents en fonction des saisons. Elles hibernent pendant l'hiver dans des grottes ou dans des caves. Ici à Orval, elles ont des souterrains qui restent constamment à la même température et avec le même degré d'humidité,” nous explique Cécile Bolly.
Vient ensuite le printemps où les prairies leur offrent une réserve d’insectes à consommer. Pour chasser, certaines vont avoir besoin de perchoirs, d’autres vont raser les prairies pour attraper les coléoptères qui tournent autour des bouses de vache. D’autres encore iront glaner les insectes sur les plantes.
Un dernier lieu leur est essentiel, “c’est un peu leur gîte d’été. C'est ce qu’on appelle des colonies de reproduction. Toutes les femelles se mettent ensemble et vont nourrir et protéger les jeunes ensemble. Les femelles chauves-souris vont chasser et reviennent plusieurs fois pendant la nuit près de leurs jeunes pour les allaiter”. Cette année, une colonie a d’ailleurs choisi les ruines de l’abbaye pour s’installer à la vue de tous.
Quand on pense aux chauves-souris, on pense aux références culturelles comme Batman ou aux vampires. Selon Cécile Bolly, c’est le lien avec ces derniers qui fait que la majorité de la population en a peur. Et pourtant, lorsqu’on s’intéresse à ce qu’en pensent d’autres cultures, on pourrait être surpris.
“En Chine par exemple, on utilise le même mot “fú” pour dire chauve-souris et bonheur. Dans d’autres pays encore, il y a un rite quand on passe de l'enfance, de l’adolescence à l'âge adulte. On tatoue une chauve-souris parce qu’elle est pour eux un symbole de protection.” En effet, la chauve-souris protège son petit en enroulant ses ailes autour de lui. Une façon donc, pour ces communautés, de dire qu’elles continuent de protéger leurs jeunes devenus adultes.
Pour redécouvrir cet animal sous une lumière plus poétique qu’effrayante, rendez-vous à Orval, où la réserve naturelle vous attend.
Découvrez notre entretien complet avec Cécile Bolly dans la “Balade de l’été : de sacrées escapades”.
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