Attirer l'attention du monde entier sur les personnes qui fuient les conflits ou les persécutions, c'est la vocation de la Journée mondiale du réfugié célebrée chaque année le 20 juin.
En décembre dernier, le chercheur, François Gemenne lançait le projet HABITABLE, le plus important projet de recherche sur les migrations induites par la changement climatique afin de mieux anticiper leurs évolutions. Chercheur en sciences politiques, rattaché à l’université de Liège et enseignant à Sciences Po, il était alors l'invité de l'émission "Je pense donc j'agis", lors du lancement du projet.
"Il y a quelque-chose d'assez stupéfiant dans cette idée du territoire qui se dérobe sous nos pieds et qui pose la question de la souveraineté nationale au XXIème siècle, dans certains pays d'Asie du Sud, d'Asie du Sud-est ou d'Afrique. Que contrôlent-ils encore dans ce territoire qui ne soit pas contrôlé par des émissions de gaz à effet de serre produites à l'autre bout de la planète ? Cela remet en cause la question de la territorialité qui fonde l'Etat nation. Certains fondements sont remis en cause par cette question du changement climatique", observe François Gemenne.
Le changement climatique nous renvoie à notre condition première qui est une condition de terriennes ou de terriens. Il y a un paradoxe à voir cette montée des souverainismes alors que le changement climatique est là pour nous rappeler que nous sommes tous fondamentalement reliés les uns aux autres.
Réfugiés politiques, déplacés, migrants ? Ces termes ne disent pas la même chose de ceux dont on parle.
"Fondamentalement, il nous faut pouvoir remettre en cause cette logique d'établir des catégories de migrations en fonction du motif de migration", estime François Gemenne, rappelant que les motifs politiques, économiques et environnementaux se mêlent les uns aux autres et s'influencent. Leurs ressources économiques dépendent en effet intrinsèquement des conditions environnementales et ces migrations, en réalité, ont toujours existé.
On estime en 2019 à 24,9 millions, le nombre de personnes déplacées par des catastrophes dites naturelles, dont la très grande majorité sont liées aux conditions climatiques ( inondations, sécheresses, ouragans). Soit trois fois plus que le nombre de personnes déplacées par des guerres ou des violences.
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