Mercredi 21 juin, le gouvernement a pris la décision de dissoudre le collectif écologiste des Soulèvements de la Terre. Cet événement fait suite à la mobilisation contre les méga-bassines de Sainte-Soline qui a donné lieu à une confrontation entre les manifestants et les forces de l’ordre, ainsi qu’à la marche contre l’utilisation intensive de sable dans les cultures en Loire-Atlantique durant laquelle des parcelles de terre ont été vandalisées. Cette dissolution est tant saluée que décriée, posant la question des manières de lutter pour l’écologie.
La dissolution des Soulèvements de la Terre est jugée nécessaire par certains et illégale pour les autres. Quoiqu’il en soit, tous s’accordent à dire que les militants trouveront nécessairement d’autres moyens d’action et que d’autres mouvements naîtront ailleurs. "Voir cette répression se refermer sur ce collectif laisse pantois", selon Anthony Yaba, porte-parole national du mouvement Alternatiba ANV-COP21, lequel s’inquiète de l’avenir de l’ensemble des groupes écologistes. Il confie avoir "accueilli cette nouvelle avec consternation".
"Le recours à la violence n’est pas légitime en état de droit, et c’est bien cela qui est sanctionné", affirmait le porte-parole du gouvernement Olivier Véran lors des débats sur la dissolution du collectif. Mais pour beaucoup de personnes, cette violence répond au fait que les pouvoirs exécutif et législatif font la sourde oreille depuis longtemps. "De cette surdité naît une radicalité qui peut devenir incontrôlable", considère Stephen Kerckhove, directeur général de l'association Agir pour l'Environnement. D’après lui, il est nécessaire de s’exprimer radicalement pour avoir des résultats. Cependant, "radical ne veut pas dire violent mais déterminé", précise-t-il.
"Des milliers de personnes se mobilisent sur cette question et on ne s’attarde pas sur le fond de leur message", estime Anthony Yaba. En effet, dès les années 1960, les premiers auteurs, militants ou écologistes alertaient sur les dangers de certaines pratiques, comme l’usage des pesticides, et sur la direction que prenait le monde. "La violence d’aujourd’hui répond à 60 ans d’attentisme", dénonce Stephen Kerckhove, qui insiste sur la violence de ceux qui "détruisent la planète à petit feu". De nombreux groupes affirment ainsi user de méthodes brutales pour enfin parvenir à être entendus.
"On est inquiets de la dérive que l’on constate aujourd'hui", avoue Stephen Kerckhove. Celui-ci évoque notamment la facilité qu’a le gouvernement à "museler le messager" au lieu de "répondre aux crises climatiques" et le fort attentisme des pouvoirs publics. Très souvent, le terme "écoterrorisme" est associé aux actions des mouvements écologistes jugés "radicaux". Une telle qualification participe à la "décrédibilisation de la lutte", considère le directeur général d’Agir pour l’environnement. Pour Anthony Yaba, il s’agit même d’une "criminalisation grave, violente et irresponsable", alors que les actions les plus pacifistes sont les moins médiatisées.
Cependant, une réelle prise de conscience s’engage et la population, en France comme à l’étranger, ne cesse de se mobilier. "Les rapports du GIEC alertent sur l’état de notre climat et l’effondrement des écosystèmes", indique Stéphen Kerckhove. Selon lui, on arrive à "la fin d’un cycle". En effet, certains élus d’aujourd’hui restent attachés à une construction passéiste et "puisent dans les vieux pots du productivisme". Mais de nouveaux imaginaires se mettent en place et de nouvelles voies de développement pointent à l’horizon, le sujet étant devenu "incontournable", d’après Anthony Yaba, lequel souhaite "garder la foi".
Sur le même sujet dans la première partie de Je pense donc j'agis :
Marine Lamoureux, cheffe de rubrique à La Croix L’Hebdo, se dit "d'accord sur le fait que les jeunes qui se soulèvent mettent en exergue et rendent visible une très grande violence".
Pour Justine Guitton-Boussion, journaliste à Reporterre, "on voit peu de choses qui avancent".
Adrien Louandre, éditorialiste dans la Matinale RCF, indique qu'il est "inévitable dans toutes les luttent que certaines réagissent moins bien".
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