Xavier Emmanuelli, son combat contre l'exclusion

En cette période de l'Avent, où les chrétiens se penchent sur le mystère d'un Dieu qui se fait humble, Stéphanie Gallet donne la parole à Xavier Emmanuelli. Témoin des grandes souffrances de notre temps, des petites comme des grandes indignités, il vient de publier "Les enfants des rues - Une clinique de l'exclusion" (éd. Odile Jacob). Le regard qu'il porte sur notre société est celui d'un médecin d'un expert de l'aide sociale, qui analyse les travers de notre société. C'est aussi celui d'un homme qui a voulu, tout au long de sa carrière, se tenir au plus près du mystère de l'humanité.
 

la Médecine et le social, deux mondes séparés

Médecin par vocation et par héritage, Xavier Emmanuelli a suivi les traces de son père médecin généraliste. Et pourtant la pratique de la médecine a bien changé entre temps. Plus performante, plus technique aussi, elle n'est semble-t-il plus à l'écoute de la dimension sociale de l'être. "Le social et le médical sont deux mondes qui ne s'écoutent pas."

Poser un regard sur l'autre

"On n'existe que par la stimulation du regard des autres." Quand vous êtes une très vieille personne seule chez soi, un détenu dont la parole n'est pas écoutée, un exclu avec pour seul bien un carton sur le trottoir, commet éprouver la sensation d'exister? Quel rapport au temps quand vous n'avez plus de rendez-vous avec quiconque? Quel rapport au corps quand on ne vous regarde plus? Xavier Emmanuelli a été médecine de prison pendant cinq ans, il a fondé le Samu social de Paris. Pour lui, il est nécessaire de "se mettre à la hauteur de la personne".

Pionnier de l'innovation sociale, Xavier Emmanuelli a participé en 1971 à la fondation de Médecins sans frontières. En 1993, il a fondé le Samu social de Paris, avec un leitmotiv: il faut aller au-devant de la souffrance. En 1995, entré en gouverment au titre de la société civile, il est secrétaire d'Etat chargé de l'Action humanitaire d'urgence. On lui doit notamment le 115. En 2011, coup de colère, il quitte le Samu social pour protester contre la baisse des financement publics. Aujourd'hui il continue à œuvrer pour les gens de rue, au travers du Samu social international et d'une nouvelle association Les Transmetteurs, dont il préside le conseil d'administration.