Notre invitée du jour vit de sa passion d'adolescence : la danse hip-hop. Aniko nous présente son parcours, de son lycée hongrois à sa vie d'animatrice de hip-hop à Monteux. « Attention, nous précise-t-elle, l'appellation de professeur de danse n'a pas d'existence légale. »
Très bon carnet de notes au lycée, une éventuelle orientation en fac de droit, elle aurait pu choisir une voie royale, celle dont rêvent beaucoup de parents, mais la danse était dans ses gènes. Un peu de danse classique, beaucoup de modern' jazz, quelques bases de danse de salon, un goût pour la comédie musicale et une révélation pour le hip-hop, la jeune adolescente cumulait une intense pratique de la danse à côté de sa scolarité lycéenne.
À l'heure du choix des études supérieures, elle annonça à ses parents ce choix : « Je veux vivre de la danse ». Jeune fille sage, elle écouta leur conseil : obtenir un diplôme universitaire pour s'assurer un plan B, au cas où. Une formation de « pédagogue du sport » (équivalent du STAPS en France) lui permit de s'assurer un bagage solide pour enseigner sa passion : la danse et plus particulièrement le hip-hop.
Pourquoi a-t-elle choisi d'enseigner le hip-hop ? « Pour la liberté et l'énergie que cette danse m'offrait ! » Effectivement, si la danse classique est très codifiée et exigeante depuis sa création sous Louis XIV, si le modern' jazz, né au XXe siècle, offre un espace d'expression corporelle plus libre, le hip-hop, lui, révolutionne la pratique de la danse par sa créativité et son énergie, à l'image de ce jour où il est apparu, le 11 août 1973.
C'est lors d'une fête dans le Bronx, quartier alors extrêmement pauvre de New York, qu'une technique novatrice de mixage de disques funk fit naître la culture hip-hop. Une nouvelle création musicale, un nouveau style vestimentaire, de nouvelles expressions vocales et visuelles, de nouveaux styles de danses ont rapidement accompagné ce mouvement culturel global.
La France découvrit cette culture importée des USA dans le courant des années 1980 (souvenez-vous de l'émission H.I.P H.O.P), avant qu'elle ne devienne populaire dans les années 1990 avec l'émergence de groupes de rap français et de clips vidéos américains inspirants (Mickael Jackson en tête).
La danse hip-hop ne s'enseignait pas encore. Elle s'apprenait souvent en bas des immeubles, par la fréquentation des danseurs les plus aguerris qui s’échangeaient leurs techniques ou créaient de nouveaux mouvements. Très souvent, l'émulation naissait lors des battles qui opposaient deux crews (équipes). Dans un cercle imaginaire, chaque participant démontre son talent et défie son adversaire qui viendra lui répondre en prenant sa place, toujours dans la bonne humeur, le respect et les encouragements du public. Pas d'école, pas de fédération, la pratique du hip-hop est ainsi très libre et créative, même si certains pas et mouvements sont devenus rapidement des bases.
Cette culture créative nourrie du partage et de la rencontre permit l'apparition d'une multitude de styles : break dance, waacking, locking, popping...
Nourris de clips vidéos et de comédies musicales animées par des danseurs hip-hop, le début des années 2000 connut une effervescence, et beaucoup de jeunes danseurs voulurent s'y essayer. S'organisèrent alors les premiers cours au sein d'associations.
Si les enseignants de danse classique ou de modern' jazz sont traditionnellement issus de conservatoires, les animateurs de cours de hip-hop étaient alors parfois issus de cette formation classique complétée par une expérience hip-hop (dès le début des années 2000, le conservatoire d'Avignon proposait des cours de hip-hop à ses danseurs), mais le plus souvent, ils appartenaient à un « crew » avec lequel ils avaient fait leur preuve. Leur pédagogie auprès des élèves les a installés dans le temps et dans le paysage de l'enseignement du hip-hop. Les derniers décrets ministériels demandent à officialiser le statut d'animateur de hip-hop par une certification et une formation. Vous comprendrez que les acteurs de cette culture libre et créative ont bien du mal à s'imaginer figés dans un cadre institutionnel...
Apprendre auprès de danseurs expérimentés aux quatre coins de son pays, puis auprès de danseurs experts étrangers lors d'« Urban Dance Kemp » (colonies de danse hip-hop), intégrer un groupe, partager avec des plus jeunes, se faire repérer par un club de danse en Hongrie puis en France, montrer son talent lors de compétitions, décrocher la médaille de championne du monde en équipe, toutes ces expériences ajoutées à ses quatre ans de formation à la « pédagogie du sport » ont permis à la jeune femme de se faire une place et de vivre de sa passion.
Engagée dans différentes associations du Vaucluse, elle partage sa passion avec ses élèves âgés de 6 à 70 ans (réellement !) avec énergie, patience et sécurité.
Rendez-vous dans le prochain entretien, Aniko nous y partagera ce qu'est une vie d'animatrice de cours de hip-hop.
En attendant, vous pouvez essayer un cours avec elle à UP'N DANCE à Monteux, l'association qui lui offrit sa chance en Provence et qui l'emmena au championnat du monde décrocher sa médaille !
L'orientation scolaire a ses codes, ses techniques, son vocabulaire. Catherine Esquer, praticienne en orientation chez Avenir Factory décortique avec ses invités, tous les mots clés pour mieux préparer l'avenir.
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