JavaScript is required
Accueil
Bientôt à la retraite : le tabou du départ de l'entreprise

Bientôt à la retraite : le tabou du départ de l'entreprise

Un article rédigé par Laura Pierrez, Madeleine Vatel et Melchior Gormand - RCF, le 13 février 2025 - Modifié le 13 février 2025
Je pense donc j'agisBientôt à la retraite : le tabou du départ de l'entreprise

C'est parfois douloureux ou au contraire une libération ! Le départ à la retraite est un moment particulier d’attente et d'appréhension. Que se passe-t-il quand la page se tourne ? Comment briser le tabou du départ de l'entreprise ? Une émission Je pense donc j’agis présentée par Madeleine Vatel et Melchior Gormand.

© cottonbro studio / Pexels© cottonbro studio / Pexels

Ce qu'il faut retenir :

  • La France compte 17 millions retraités
  • La réforme des retraites de 2023 établit l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Mais l’âge réel de départ à la retraite est de 62 ans et 7 mois.
  • Le pot de départ avec ses cadeaux, ses discours, son bilan marque un tournant dans la vie du salarié et du chef d'entreprise. C'est aussi un moment de communication pour le management.
  • Certains professionnels bientôt à la retraite évitent le sujet en procrastinant, en détournant la conversation, ou en devenant hyperactif à leur poste

Une page qui se tourne, un chapitre qui se termine ou carrément le livre qui se referme, le passage à la retraite est vécu de manière très subjective. Entre appréhension et tabou, les codes sociaux peuvent parfois ajouter de la pression. Comment les seniors vivent-ils cette étape ?

Départ à la retraite, une transition difficile

Considérée comme le temps des dernières fois, la fin de carrière peut s’avérer difficile à surmonter. Commencer dans un nouveau statut, celui de retraité pose "la grande question de l’utilité sociale", explique Laurent Nisen, sociologue et maître de conférences sur le vieillissement à l'université de Liège. C’est un "moment capital, qui peut être synonyme d’un arrêt définitif de toute activité professionnelle", relève Khaled Lahlouh, professeur d’enseignement supérieur à l’ICN Business School de Nancy. Pour certains, cela peut même "être le grand vide", complète Laurent Nisen. En conséquence, "de plus en plus de seniors continuent à travailler à temps partiel après la retraite"ajoute-t-il.

Garder une activité permettrait de lutter contre ce sentiment d’inutilité et d’éviter la pression sociale. "La retraite est vue comme l’ultime transition avant la mort. Cette dernière période de vie est très courte, on vieillit et l’on a peur de devenir inutile", ajoute Isabelle Lebbe, avocate associée chez Arendt. 

C'est un moment capital, qui peut être synonyme d’un arrêt définitif de toute activité professionnelle.

Mais cela reste très subjectif, et dépend de nombreux facteurs. Françoise, une auditrice, témoigne : "En 2012, j’ai été obligée d'arrêter de travailler en raison de ma santé. J’ai pris mes affaires, j'ai fermé à clef l’établissement. Depuis, je suis en grandes vacances bien méritées, et je vis très bien cette situation.” Cette libération que ressent Françoise concernait il y a une dizaine d'années "60 % des 50-64 ans", souligne Laurent Nisen. Le sociologue note une transition pour beaucoup de retraités :  "l’espérance de vie est de 80 ans, elle était de 66 ans en 1950. Beaucoup de séniors sont en bonne santé et ont l’envie de profiter de ce temps bien mérité."

Cette étape significative du passage à la retraite est souvent marquée par le traditionnel pot de départ. Ce temps d’échanges, de partages, de discussions et de cadeaux marque "la volonté de terminer sa carrière en beauté", illustre Marine Huguet, responsable du département des publics aux Archives nationales du monde du travail à Roubaix. "On récolte des objets et des documents des départs à la retraite. On retrouve plein de photographies qui montrent le souhait d’immortaliser ce moment important, et on remarque fréquemment une décontraction sur les visages", raconte-t-elle s'appuyant sur le travail réalisé pour l'exposition "Bonjour collègue !" qui circule actuellement dans toute la France. 

Affronter les stéréotypes liés à la retraite

"En entreprise, on pense parfois que les séniors ne peuvent plus apprendre ni s’adapter aux nouvelles technologies, c'est faux. Cela donne une image négative du vieillissement et certaines personnes vivent mal cette étape de la retraite", relate Khaled Lahlouh. Briser les tabous pour mieux appréhender son départ à la retraite est une piste à explorer. "Si on socialise les séniors différemment en éliminant ces stéréotypes qui existent en entreprise, on peut réussir à mieux les préparer à ce départ ultime", confirme le professeur. 

Le départ à la retraite est très individuel et dépend du vécu personnel et professionnel.

Comment se passe le vieillissement post-retraite ? Laurent Nisen parle du "vieillissement actif". Ce terme est "une injonction qui se base sur des réalités. On constate que si l'on maintient une activité, on garde ses capacités physiques et cognitives. C’est basé sur des faits réels, mais petit à petit, ça s'est propagé comme une idéologie", déplore le sociologue. Pourtant, "nous ne partons pas tous du même point, le corps peut être plus ou moins abîmé, on n'est pas tous égaux et cette injonction tombe sur la tête de tout le monde", complète-t-il.

Cette pression à laquelle font face les seniors ne semble pas légitime puisque "le départ à la retraite est très individuel et dépend du vécu personnel et professionnel. On ne peut pas généraliser le moment de la retraite", précise Khaled Lahlouh. Sortir des stéréotypes liés à cette étape, c'est réussir à "se libérer de la pression sociale. Tout le monde n’a pas nécessairement envie d’avoir un vieillissement actif et il faut le reconnaître et l'accepter", conclut Isabelle Lebbe.

© RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
Je pense donc j'agis
© RCF
Cet article vous a plu ?
partager le lien ...
Qui sommes-nous ?

RCF est créée en 1982, à l'initiative de l'archevêque de Lyon, Monseigneur Decourtray, et du Père Emmanuel Payen. Dès l'origine, RCF porte l'ambition de diffuser un message d'espérance et de proposer au plus grand nombre une lecture chrétienne de la société et de l'actualité.

Forte de 600.000 auditeurs chaque jour, RCF compte désormais 64 radios locales et 270 fréquences en France et en Belgique. Ces 64 radios associatives reconnues d'intérêt général vivent essentiellement des dons de leurs auditeurs.

Information, culture, spiritualité, vie quotidienne : RCF propose un programme grand public, généraliste, de proximité.Le réseau RCF compte 300 salariés et 3.000 bénévoles.

RCF
toujours dans
ma poche !
Téléchargez l'app RCF
Google PlayApp Store
logo RCFv2.14.0 (21796db) - ©2024 RCF Radio. Tous droits réservés. Images non libres de droits.