La culture pour tous est-elle vraiment possible ? Et surtout dans tous les territoires ? Malgré son importance, la culture en milieu rural est souvent reléguée au second plan dans les politiques publiques et les initiatives de développement. À cause des ressources limitées et de l'attention portée aux centres urbains qui ont conduit à une marginalisation progressive de la culture dans ces régions rurales. Une émission Je pense donc j’agis présentée par Melchior Gormand.
En janvier 2024, Rachida Dati, alors nouvelle ministre de la Culture, lançait le Printemps de la ruralité, une vaste concertation nationale sur la vie culturelle. Chaque Français, qu’il soit habitant, élu ou acteur de la culture pouvait s’emparer de cette concertation et apporter sa contribution. Une concertation qui devrait déboucher par des Assises nationales de la culture en milieu rural.
Comment mieux répondre aux besoins des 22 millions de Français qui vivent à la campagne et comment repenser le rôle que l’État peut vraiment jouer sur le terrain, avec l’aide des collectivités locales ?
La culture est une notion clé pour une société, car elle crée du savoir, du divertissement et de la cohésion. Jean-Michel Tobelem, spécialiste des politiques culturelles, professeur associé à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, et directeur d'Option Culture, considère qu'une présence culturelle est symbolique, pour les liens qu’elle tisse entre les acteurs sociaux, ainsi que le rapport au patrimoine et à l’histoire qu’elle entretient.
Emmanuel Wallon, professeur de sociologie politique et Membre du conseil d'administration de l'OPC, l’Observatoire des Politiques Culturelles, rappelle que l’école, qui reste l’une des institutions les plus importantes pour une société, est aussi le premier socle de la culture et que les deux notions que sont l’éducation et la culture demeurent imbriquées. De plus, le professeur souligne que les zones rurales bénéficient d'une base culturelle importante, grâce à l'Histoire de leurs territoires.
"Le lien entre la culture et le développement n’est pas évident", précise Jean-Michel Tobelem. La présence de lieux, de bâtiments ou d'événements culturels, ne va en effet pas de pair avec le développement au sens large d’une zone ou d’un territoire. Il ne fait d'ailleurs aucun doute pour Claire Delfosse, géographe, professeure à l'université Lumière-Lyon 2 et spécialiste des questions de culture en monde rural, que les grandes villes bénéficient de meilleurs services et d’un plus grand nombre d'infrastructures culturelles.
Le lien entre la culture et le développement n’est pas évident.
En 2019, il y avait 21.600 équipements culturels en France, soit en moyenne 33 équipements pour 100.000 habitants selon l'INSEE. Leur implantation territoriale est contrastée : plus présents dans les agglomérations, ils sont concentrés dans les capitales régionales et le long du littoral méditerranéen. Toujours selon l’INSEE, l'Île-de-France et en premier lieu Paris, concentrent un nombre d’équipements culturels plus élevé que le reste du territoire, bénéficiant de plusieurs siècles de centralisme.
Ma fille de 11 ans voulait faire de la danse à haut niveau. Pour trouver un conservatoire, on a dû l’envoyer à Paris.
À noter aussi, comme on peut lire dans le guide Culture et développement rural coécrit par Jean-Michel Tobelem et Jean-Luc Pouts, la définition de la ruralité sur laquelle se base l’INSEE n’est pas précise, en considérant comme rural tout ce qui n’est pas urbain.
Une auditrice fidèle de l'émission Je pense donc j'agis, Anne-Paule, témoigne de sa situation qui illustre la complication que le manque de structures culturelles peut engendrer : "Nous habitons dans une zone rurale et ma fille voulait faire de la danse à haut niveau. Pour trouver un conservatoire, on a dû l’envoyer à Paris. À 11 ans, elle se retrouve en famille d'accueil. Elle n’avait aucune porte dans notre bourg de 1 000 habitants. C'était une situation très difficile pour nous".
Malgré un manque évident de structures dans les milieux ruraux, selon Claire Delfosse, le terme "désert culturel" n’est pas adapté. "C'est clair qu’en termes d’équipement et de service, cette expression est correcte, mais il y a de la culture dans les territoires ruraux, par des associations ou certains artistes", souligne-t-elle.
Jean-Michel Tobelem relativise également et rappelle qu'il y a des espaces culturels dans les zones rurales. "On peut évoquer les musées, les bibliothèques ou les événements musicaux et théâtraux. Il y en a même qui sont plus présents dans les milieux ruraux comme les réserves naturelles ou le patrimoine historique".
Il y a de la culture dans les territoires ruraux.
Les spécialistes s’accordent à dire que le manque d’infrastructures n’est pas forcément pénalisant, créant même de nouvelles façons de se représenter pour les troupes de théâtre, qui voient s’installer une plus grande proximité avec le public des zones rurales.
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
Intervenez en direct au 04 72 38 20 23, dans le groupe Facebook Je pense donc j'agis ou écrivez à direct@rcf.fr
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