Du mercredi 7 février au samedi 10 février 2024, la 14ᵉ édition du Forum européen de bioéthique se déroule à l'Aubette de Strasbourg. Des conférences et des discussions qui, cette année, portent sur l'intelligence artificielle. Rencontre avec le docteur Aurélien Benoilid, neurologue et président de l'événement.
RCF Alsace : Quand on parle d'intelligence artificielle, à quoi fait-on référence plus précisément ? Le sujet est très vaste…
Dr Benoilid : L'intelligence artificielle, en comparaison à l'intelligence humaine, est numérique. C'est-à-dire qu'elle ne passe pas par un cerveau mais par une ligne de code (ou un algorithme) Celle-ci, un peu à l'instar du cerveau, est susceptible d'apprendre également, mais qui ne passe pas par les truchements de la biologie et des liaisons physico chimiques. Elle passe simplement par une programmation astucieuse et surtout par une banque de données qui va venir alimenter cet algorithme et qui va lui permettre de répondre... En tout cas, aux questions qu'on pourrait être amené à lui poser. Donc la différence avec l'intelligence humaine, c'est par rapport à la banque de données, c'est-à-dire qu'on est capable de donner beaucoup plus d'informations à une intelligence artificielle qu'à une intelligence humaine. Par contre, bien évidemment, cela ne fonctionne pas de la même manière et cela ne produit pas les mêmes idées.
RCF Alsace : Ce sont des questions que l’on retrouve déjà un petit peu en filigrane dans d'autres éditions. Qu'est ce qui a changé entre la façon dont ce sujet a pu être abordé il y a quelques années et cette année 2024?
Dr Benoilid : Eh bien, ce qu’il s'est passé, c’est la sortie au grand jour de ChatGPT. Alors là aussi, c'est une découverte pour nous, mais pas pour ceux qui sont du métier. Alors je me mets dans le grand public, même si, de par mon métier et par ma qualité de président du Forum européen de bioéthique, j'estime être quand même relativement informé. Et je dois dire que moi-même j'ai été impressionné et je me suis dit "quand même, il y a quelque chose qui se déroule". Et ça, quand on fait de la bioéthique depuis maintenant presque une dizaine d'années, ce n'est pas fréquent. C'est-à-dire qu'on voit le monde changer, on voit les évolutions technologiques et en tant que scientifique, on les aborde d'une certaine manière. Mais là, je me suis dit qu’il est en train de se passer quelque chose qui va avoir des répercussions importantes.
RCF Alsace : Des choses positives ou négatives ?
Dr Benoilid : Des choses qui vont dans les deux sens ! La médecine, la recherche trouvent un nouvel essor dans le développement de l'intelligence artificielle. On va découvrir et on découvre déjà de nouvelles approches diagnostiques, de nouvelles approches thérapeutiques. Donc, bien sûr que si ça permet de mieux soigner les gens, cela peut être un bon outil. Va savoir un peu ce qui va, ce qu'on va en faire, est-ce qu'on va en faire quelque chose de bien? La bioéthique, c'est ça. C'est-à-dire que là, pour l'instant, qui fait l'intelligence artificielle ? Ce ne sont pas spécialement des bienfaiteurs de l'humanité, ce ne sont pas les subventions publiques ni les pouvoirs publics qui décident. C'est aux mains des entreprises qui développent le sujet. Et puis, à qui profite l'intelligence artificielle ? Là aussi, c'est important de se poser la question, non pas parce que c'est bien ou mauvais, mais quelle en est la finalité?
Forum européen de bioéthique de Strasbourg : du 7 février au samedi 10 février à l'Aubette. Entrée libre.
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