Malgré initiatives et dispositifs pour favoriser la scolarisation
des enfants en situation de handicap, les obstacles persistent. Entre
manque de moyens, de formation et de personnel, la campagne nationale #J’aipasécole, reprise par l’Adapei 27 alerte sur une réalité inquiétante.
Florence Perret, présidente de l'Adapei 27, pointe du doigt un
problème systémique. "Les enseignants ne sont pas ou peu formés pour accueillir des enfants en situation de handicap", souligne-t-elle. En effet, les formations sur ce sujet ne sont toujours pas obligatoires, laissant des enseignants démunis dans des classes souvent surchargées, avec plusieurs enfants en situation de handicap, sans compter le manque d'accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) qui complique davantage la situation.
Dans le secteur médicosocial, les difficultés sont similaires. "Le
manque d’enseignants dans ces établissements est criant", affirme Florence Perret. Ce déficit compromet la qualité de l’instruction qui ne correspond pas aux besoins spécifiques des enfants handicapés.
Dans l’Eure, la situation est préoccupante : 24% des enfants en
situation de handicap n’ont aucune heure de scolarisation, ou tout au plus six heures par semaine. Par ailleurs, 12,75% d’entre eux bénéficient de six à douze heures de cours hebdomadaires. Ces chiffres, qui concernent 251 enfants âgés de 3 à 16 ans, révèlent une véritable discrimination dans l’accès à l’éducation.
À 16 ans, ces jeunes cessent d’être comptabilisés par l’Éducation
nationale. "Seize d’entre eux ont déjà arrêté leur scolarité à cet
âge", précise Florence Perret, une situation rarissime pour les
enfants non handicapés mais malheureusement courante pour ceux en situation de handicap, ce qui entrave sérieusement leur avenir.
Face à ce constat, l’Adapei 27 a mis en place plusieurs dispositifs. En collaboration avec l’Éducation nationale, elle développe des services en milieu ordinaire afin d’offrir aux enfants des solutions partielles pour compenser le manque d’heures de scolarisation. "Mais cela reste insuffisant", admet Florence Perret.
Un autre dispositif, l’accueil itinérant, permet de maintenir un lien avec les familles disposant d’une notification de la Maison
départementale des personnes handicapées. Toutefois, là aussi, cette solution n’apporte qu’une aide temporaire, loin de répondre aux besoins à long terme.
Malgré des échanges réguliers avec l’Éducation nationale et l’ARS, Florence Perret regrette que la question du handicap ne soit pas une priorité des pouvoirs publics. De plus, le contexte politique actuel fait tarder la nomination du nouveau gouvernement, ce qui rend impossible la mise en place de directives ministérielles concrètes. Par ailleurs le manque d’AESH et d’enseignants persiste, rendant l’inclusion des enfants handicapés encore plus difficile.
Florence Perret appelle à une mobilisation collective pour apporter des solutions à court et moyen terme. Elle propose de renforcer les dispositifs spécialisés, tels que les équipes mobiles d’appui à la scolarisation et les dispositifs d’autorégulation, afin de créer un partenariat entre le secteur éducatif et le secteur médicosocial.
L’instauration d’un référent handicap dans chaque école pourrait également aider les enseignants à mieux accompagner ces enfants. Cependant, "nous ne sommes qu’au début de ces dispositifs en France", prévient Florence Perret, ajoutant que les budgets alloués restent insuffisants.
La campagne #J’aipasécole met en lumière cette situation alarmante et appelle à une action urgente pour permettre à chaque enfant en situation de handicap de bénéficier d’une scolarisation équitable et adaptée à ses besoins.
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