Laurent Wauquiez réfléchit à acheter "des quotas ZAN" dans d'autres territoires

Bras armé de la Région, l'agence Auvergne-Rhône-Alpes Entreprises présentait ses actions et les résultats obtenus dans le département de la Haute-Loire. Ces actions, principalement orientées vers la réindustrialisation du territoire, seraient, selon la collectivité, à l'origine de 800 relocalisations industrielles en Auvergne-Rhône-Alpes entre 2022 et 2024.

Pour la seule année 2024, l'agence altiligérienne a accompagné 211 entreprises, avec un bilan de 230 emplois créés et 1 842 emplois consolidés. Pour atteindre ces résultats, la collectivité a investi près de 17 millions d'euros afin d'accompagner les entreprises de Haute-Loire dans des projets d'investissements industriels évalués à plus de 125 millions d'euros.

Entretien avec Laurent Wauquiez, conseiller spécial à la Région. 

Quel est l'objectif et la mission de l'Agence Auvergne Rhône Alpes Entreprises ?

Notre objectif est simple : défendre nos industries, défendre le Made In France et ramener de l'emploi sur le territoire de la Haute-Loire. On ne le sait pas mais notre département est très industriel. Par exemple, 50% des fenêtres fabriquées dans la région le sont probablement en Haute-Loire, les freins des TGV sont fabriqués aux Villettes, Jet Cut à Yssingeaux travaille pour le Nucléaire et l'aéronautique française, Interep à Aurec Sur Loire fabrique des mousses utilisées par l'armée française. C'est ça la Haute-Loire.

Un état d'esprit Commando !

 

Et l'équipe de antenne altiligérienne c'est une petite équipe qui est dans un état d'esprit commando. Si on a une entreprise qui veut s'installer en Haute-Loire on est là pour les accompagner, on a une entreprise en difficulté alors on est présent pour essayer de rebondir. Et les résultats sont impressionnants ! Avec des dossiers importants comme celui de l'installation d'Opteven avec à la clé une centaine d'emplois sur le Puy-en-Velay ou encore avec le Groupe Thebault qui s'installe dans le Brivadois pour créer une usine unique en Europe de l'Ouest et du Sud qui devrait générer des centaines d'emplois directs et indirects. C'est aussi EFDE qui relocalise en France (voir ci-dessous). 

Ce sont souvent des entreprises qui vont bien. Ont-elles besoin du soutien des collectivités ?

Car nous avons face à nous des concurrents féroces comme les Etats Unis, l'Allemagne ou encore l'Italie qui mettent beaucoup d'argent pour accompagner leurs entreprises. Aux USA, si vous faites un investissement avec Trump vous avez 40% d'aides. Et si on veut que nos entreprises ne se fassent pas manger par leurs concurrents et si on veut qu'elles puissent faire le choix de la Haute-Loire c'est sans doute l'un des meilleurs investissements que nous pouvons faire.

Et il faut se souvenir que si il n'y a pas d'entreprises, il n'y a pas d'emplois et donc le territoire va tomber. Les entreprises elles payent des impôts, souvent beaucoup, et si nous n'avons pas d'industrie nous n'avons pas de services publics. Si il n'y a plus d'entreprises la qualité de vie va se dégrader. Et enfin, il faut défendre le Made In France, je ne veux pas que des produits Chinois polluants, je veux que nous défendions l'industrie Française. C'est notre avenir et celui de notre pays.

s'il n'y a pas d'entreprises, la qualité de vie va se dégrader

 

Les chefs d'entreprises réclament des zones d'activités pour faciliter leur développement. La Région a décidé de mettre en place un dispositif de Réserve Régionale, une sorte de péréquation qui offre des marges aux collectivités locales vis à vis de la loi Zéro Artificialisation Nette ?

Oui car la loi ZAN est une très mauvaise loi. Elle fixe des quotas qui limitent les créations de zones d'activités dans les communautés de communes. Nous avons donc créé un fonds qui permet d'accompagner les territoires ruraux qui souhaitent accueillir des entreprises en classant certaines zones sous le label "intérêt régional" (c'est le cas de la plaine de Bleu sur l'Agglomération du Puy). En installant des entreprises sur ces zones, les communautés de communes ne consomment pas leurs quotas et s'offrent plus de possibilités. A terme, l'objectif est que tous les emplois ne se retrouvent pas sur la Métropole Lyonnaise et autour des grandes agglomérations.

Oui, je regarde la possibilité d'acheter des quotas ZAN ailleurs

 

A ce titre, est-ce que la Région pourrait investir dans l'achat de terrains hors des frontières d'Auvergne Rhône Alpes pour s'offrir encore plus de marge de manoeuvre ?

A ce stade, le dossier n'est pas ouvert. Mais c'est une question que je me pose. Nous sommes le moteur économique de la France, nous avons beaucoup de projets, 70% des relocalisations industrielles se sont faites en AURA. Nous sommes la première région industrielle de France. Donc oui je regarde la possibilité d'acheter des quotas ZAN ailleurs.

Les chefs d'entreprises se montrent aussi très inquiet pour l'avenir en raison de l'instabilité politique.

La situation est en effet inquiétante avec cette instabilité politique qui est très mauvaise pour l'économie. J'ai discuté avec une commerçante de Sainte Sigolène qui m'expliquait que suite à la censure du Gouvernement son activité à fortement baissée. Des chefs d'entreprises du bâtiment m'ont expliqué qu'une partie de leurs chantiers s'est arrêtée parce que les communes n'avaient plus les financements de l'Etat. Et, globalement, nous nous posons tous des questions sur ce qui va se passer dans le pays et où nous allons. Cela est à l'origine d'un climat qui n'est pas bon pour défendre l'emploi. C'est pour cela que tout le monde doit faire des efforts pour donner un minimum de stabilité à la France. Je n'aime pas tout ce que fait le Gouvernement, mais je pense que nous devons faire ses efforts et ne pas rester dans notre coin à agiter des motions de censure et tracer des lignes rouges. Si nous faisons ça nous n'y arriverons jamais. Nous devons travailler ensemble et mettre l'intérêt du pays en premier.

L'exemple EFDE aux Villettes

Parmi les entreprises accompagnées par l'Agence Auvergne Rhône Alpes Entreprises en Haute-Loire figure la société EFDE basée aux Villettes. Spécialisée dans les pièces mécaniques, l'entreprise a lancé un vaste plan d'investissement pour créer un laboratoire d'analyse indispensable pour répondre aux exigences du marché allemand "les seuls laboratoires capables de faire cela sont à Lyon. Avec cet outil nous limitons les kilomètres inutiles et notre client est sécurisé" explique Thierry Hospital, l'un des trois co dirigeants. Evalués entre 600 000 et 700 000€ les travaux devraient aboutir à la création de trois emplois et permettre à EFDE de répondre aux attentes du marché des trains allemands dont certaines pièces sont aujourd'hui réalisées en Europe de l'Est.

Pour en savoir plus sur les projets EFDE, écoutez le PODCAST de l'émission Vivre et Travailler en Haute-Loire enregistrée en janvier 2024 aux Villettes avec le soutien du Département de la Haute-Loire, La CCI de Haute-Loire, La Chambre des métiers de Haute-Loire et la Chambre d'Agriculture de Haute-Loire.