Le manque criant de personnel dans les Ehpad comme dans les unités de soins palliatifs donne lieu à des situations dramatiques. Des soignants épuisés, des familles inquiètes... Une situation que Marie-Sylvie Richard, religieuse xavière, médecin formatrice à la Maison médicale Jeanne-Garnier, n'a jamais connue. Elle tire la sonnette d'alarme.
La loi "grand âge et autonomie" a bel et bien été enterrée, le 8 septembre 2021. "C’est une grande grande déception pour tous ceux qui ceux sont dans le milieu grand âge, regrette Marie-Sylvie Richard, parce qu’on espérait que cette loi soit vraiment une réflexion approfondie sur l’avenir des personnes âgées dans une société qui vieillit de plus en plus."
Cette loi qui avait été annoncée en 2008, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, avait pour objectif, certes ambitieux, de permettre à chacun de mourir là où il le souhaite. Or, on le sait, 80% des gens veulent mourir chez eux. Et si cela ne se réalise pas ou très peu c’est que l’on manque d’aidants professionnels. "Il y avait dans cette loi des propositions de structures intermédiaires entre les Ehpad ou le domicile." Des pistes comme l’habitat intergénérationnel, des petites colocations étaient explorées. Pour les professionnels, cette loi était synonyme d'espoir, celui de se sentir compris.
Au lieu de quoi, les Ehpad comme les centres de soins palliatifs se trouvent dans une situation inédite et doivent faire face un manque criant de personnel. "C’est une vraiment situation qu’on n’a jamais jamais connue", s'exclame Marie-Sylvie Richard. Quand elle donne une formation auprès du personnel d’un Ehpad, Marie-Sylvie Richard a "l’impression d’aggraver la souffrance des gens parce qu’on leur dit qu’il faut du temps pour converser, écouter, deviner, évaluer, et ils n’en ont pas !"
Bien souvent hélas la situation se résume dans les Ehpad à des soignants fatigués, qui doivent faire face à "des familles extrêmement exigeantes", constate la religieuse xavière. Or, les professionnels et les familles devraient "marcher ensemble", regrette Marie-Sylvie Richard. Car, parfois, quand c’est la famille qui est trop éprouvée, c’est le soignant qui arrive à remonter le moral des familles et inversement. Il est urgent de questionner la désertion actuelle de ces métiers du soin.
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