Aujourd’hui j’ai envie de revenir sur les affaires qui minent malheureusement encore l’Église. Et je voudrais parler de la conversion – la conversion c’est de se tourner vers le Christ, vers le Christ présent dans les pauvres, de n’être plus replié sur soi.
Le moment est venu dans l’Église, en tant qu’institution humaine, d’accueillir avec joie la conversion que le Seigneur nous propose dans l’Évangile, et que le pape François tente contre vents et marées de mettre en place. Une conversion qui nous permettra enfin de nous mettre au service, de croire que nous sommes plus intelligents à plusieurs, que nous ne pouvons plus tout contrôler - et tant mieux ! - que nous avons vraiment besoin des autres.
Pour que nous ne mettions plus jamais les affaires gênantes sous le tapis, il est urgent que nous nous professionnalisions
Pour qu’une telle attitude soit possible, pour que nous cessions de nous justifier en permanence au nom de l’institution et de son image, pour que nous ne mettions plus jamais les affaires gênantes sous le tapis, il est urgent que nous nous professionnalisions. Que nous fassions confiance à ceux qui savent, qui ont l’expérience, qui ne font pas comme nous, justement parce qu’ils font nettement mieux. Que le traitement des affaires ne soit plus soumis à tel ou tel évêque, de telle ou telle sensibilité, que des procédures claires et transparentes soient mises en place. Que nous acceptions, nous prêtres, évêques, acteurs pastoraux, d’être formés à l’accompagnement professionnel des personnes, qu’on appelle aussi le management, de ce beau mot d’origine française qui signifie "ménager les personnes".
Le problème souvent, lorsque nous le disons, c’est que nous sous-entendons que nous n’avons pas besoin d’être soumis aux exigences de l’entreprise. L’Église n’est pas une entreprise, elle est beaucoup plus qu’une entreprise. C’est-à-dire qu’elle doit être au moins aussi exigeante, aussi professionnelle qu’une entreprise, que ses process de décision doivent être clairs et respectés. Que les fiches de poste, y compris des prêtres et des évêques, soient précisées et connues, ainsi que les limites de leurs compétences. Qu’on ne confonde pas responsabilités et compétences, pour que nous n’ayons pas peur de dire que dans certains domaines, même si nous portons une responsabilité, nous avons besoin de la compétence de tous, de la compétence des autres.
Oui, nous devons nous rappeler que l’Église n’est pas une entreprise, qu’elle est plus qu’une entreprise. Et par-dessus tout, il y a la charité. Jésus dit aux pharisiens en Matthieu 23, 23 : "La justice, la miséricorde et la fidélité : voilà ce qu’il fallait pratiquer, sans négliger cela." Nous avons oublié la fin, "sans négliger cela". Les lois humaines, les compétences, les règles sont bonnes et ne sont pas suffisantes mais elles sont nécessaires. Sinon, jamais nous ne pourrons être vraiment justes, miséricordieux et fidèles à la parole de Dieu.
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