Au micro de Frédéric Mounier, le père Bruno Saintôt, responsable du département d'Éthique biomédicale du Centre Sèvre, revient sur la position délicate de l'Église concernant la loi du 2 août 2021 portant sur l'ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules.
Depuis cet été, les couples de femmes ainsi que les femmes seules peuvent avoir recours à la procréation médicalement assistée. Cette loi du 2 août 2021, a donné lieu à de nombreux débats notamment au sein de l'Église en France. En effet, le sujet n'est pas simple à évoquer pour l'Église, malgré des convictions fortes sur les questions de bioéthiques.
Est-ce un manque de crédibilité qui découle de cette frilosité ? Quelques heures après la sortie du compte rendu du rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l'Église, le père Saintôt pose la question. Selon lui, le premier porte-à-faux vient de l'autorité même de l'Église "qui prône des règles éthiques pour tout le monde, au moment donné où elle n'a pas été capable, elle-même, de protéger les plus petits." Ce décalage entre ce qui est dit et ce qui est fait explique en partie la remise en question de la crédibilité de la parole de l'Église.
Même si la parole de l'Église a pu perdre en crédibilité, elle reste porteuse d'un message universel et garante de règles éthiques fondamentales, qu'elle adresse à tous. Un rôle compliqué à défendre notamment sur les questions très difficile de bioéthique qui ont pour vocation initiale de viser le bien de l'Homme : "améliorer la condition humaine, développer nos capacités, remédier à des pathologies ou remédier à des souffrances comme la souffrance de ne pas avoir d'enfants".
L'Église dans son rôle "d'experte en humanité" peu paraître prétentieuse, notamment aux yeux de ceux qui ne pratiquent pas. "Il faut avoir de très bonnes raisons pour dire "nous avons un certain nombre de techniques mais nous n'allons pas les utiliser parce que nous avons d'autres règles qu'il faut absolument faire respecter" explique le père Bruno Saintôt.
La prise en compte de la souffrance est au coeur des préoccupations de l'Église et c'est pour cela qu'elle a toujours valorisé la médecine, rappelle le père Saintôt. Sur les sujets de bioéthiques, l'Église avance différents arguments que le père Saintôt rappelle. Il faut tenir compte à la fois de la dignité de l'embryon et de la dignité de la procréation. Un argument qui ne coule pas de source avec la mentalité collective actuelle. En effet, le point crucial de divergence aujourd'hui est sur le fait que l'Église défende "le fait de respecter tout être humain dès le commencement de la vie, donc dès la fécondation". Le père Saintôt résume en ces mots la vision de l'Église sur les questions de bioéthique et notamment sur le sujet de la PMA "seules des personnes, engendrent des personnes, dans une relation personnelle."
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