Belgique
Il y a en Belgique 10.800 détenus et 7.983 gardiens de prison pour les surveiller. Derrière ces chiffres se cache une réalité : nos prisons débordent. Il y a trop de détenus et pas assez de personnel. Quelle réalité au sein de nos prisons ? La crise sanitaire a-t-elle aggravé la situation ? La formation des détenus est-elle suffisante ? Les prisons sont-elles le terreau du radicalisme et du terrorisme ?
Les intervenants Didier Breulheid, délégué syndical permanent CSC, agent pénitentiaire durant 15 ans à la prison de Lantin et Jean-Paul Mathieu, délégué syndical CSC, agent pénitentiaire à Paifve-Lantin, vice-président CSC pour les prisons francophones ont pu témoigner de leurs quotidiens au micro de Frédéric Matriche.
Sous le mandat de Koen Geens, ministre de la justice, le chiffre de 10.000 individus avait été considéré comme le seuil au-delà duquel on ferait face à une surpopulation. Ce nombre a été atteint depuis quelques temps maintenant. Si on ose plus regarder ces chiffres en face, c'est parce qu'ils se rapportent à des réalités devenues ingérables, aussi bien pour les employés du secteur carcéral que pour les détenus eux-mêmes. Les grèves répétées de ces dernières années l'ont démontré : un tabou a été levé.
Faute de personnel, le service assuré ne permet plus d'offrir aux détenus le minimum de dignité auquel tout un chacun a droit. Impensable aussi de compter sur la formation de nouveaux agents pénitentiaires, ceux-ci devant "bricoler en permanence", pour reprendre les mots d'un des leurs.
Les confinements successifs, les risques de contagions quotidiens et le manque de visites des familles ont été autant de facteurs qui ont rendu les agents impuissants, soumis à des charges de travail insoutenables. Un fait concret : le nettoyage des prisons est souvent assuré par les résidents. Mais quand est-il lorsqu'il s'agit de ceux qu'on appelle les "internés", ces prisonniers qui présentent des défficicences mentales élevées et "qui ne savent pas enfiler une chaussette" ? Là aussi, il y a de quoi se trouver désarmé. Déjà auparavant la Belgique avait été condamnée par la CEDH pour ne pas les avoir placés dans des centres spécialisés.
Ouvrir de nouvelles prisons, une solution ? Ou bien sensibiliser les magistrats ? La réforme de l’application des peines ne réduira pas la problématique selon les invités :
Ouvrir un établissement pénitentiaire, c’est encourager les magistrats à appliquer davantage les peines d'emprisonnements.
Le constat est sans appel : des nouveaux détenus qui entrent en prison n’en sortiront sans doute pas meilleurs. La raison est simple : il n'y a plus assez d'éducateurs ou de spécialistes pour assurer leur suivi. Ce n'est pourtant pas la seule...
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