Le 6 et 7 juillet, il était interdit de circuler en voiture sur la rue Jeanne d'Arc, une mesure normalement réservée aux jours de fêtes locales. Cette décision a été prise par la mairie de Rouen en faveur de ses piétons et résidents, mais au détriment des commerçants du centre-ville.
Ils sont nombreux à avoir protesté contre le projet : les commerçants rouennais ont témoigné à notre micro, de leur propre chef ou via des représentations comme les Vitrines de Rouen (Association des Commerçants et Artisans de Rouen, environ 450 commerçants et artisans) ou l'UMIH76 (Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie, représentant autour de 1.600 restaurateurs, hôteliers, professionnels de café, établissements de nuit et traiteurs de Normandie). Ils insistent sur "un coût supplémentaire qui leur est destiné dans un contexte où ils n'en ont franchement pas besoin !".
Dès 2022, de nombreux chantiers rue Jeanne d'Arc avaient pour objectif de verdir la chaussée, en remplaçant des places de stationnement. Cette première transformation du seul grand axe nord-sud/sud-nord qui subsiste dans le centre-ville avait déjà fait des dégâts. C'est le cas pour Christophe Cressent, qui avait sauvé de la faillite « Ma Boulangerie » en 2015 sur la place du Vieux marché, et qui, depuis, constate une nette baisse de son chiffre d'affaires. Il s'est rendu compte de ce problème en discutant avec ses clients qui vivent en dehors de Rouen, notamment sur les plateaux. Ils lui signifient qu'il devient difficile pour eux de venir acheter le pain du « meilleur ouvrier artisan boulanger de France ».
Des échanges avaient pourtant eu lieu en avril dernier entre les Vitrines de Rouen, au travers de son vice-président, José Ortuzar, avec le maire Nicolas Mayer-Rossignol. Les Vitrines de Rouen y auraient obtenu des promesses que ledit projet de piétonnisation n'aboutisse pas. Malgré cela, la décision est actée "à titre d'essai" : la rue Jeanne d'Arc sera piétonne tous les premiers week-end du mois. Une décision qui fait suite à de nombreuses poussées vers l'amoindrissement du trafic (limitation à 20km/h, priorité aux piétons, absence de feux, signalisation au sol "artistique" et deux carrefours à éviter avec la rue du Gros Horloge et du Général Leclerc).
L'hôtellerie et la restauration ne sont pas autant impactées par la piétonnisation nous a expliqué Pierre Guéret, PDG du Groupe Guéret et vice-président de l'UMIH76. Cependant, par solidarité, il soutient les commerces spécialisés et du quotidien qui sont directement frappés par cette mesure. "Cela fait partie d'un écosystème, si les commerces ferment nous seront inévitablement touchés".
Dans un contexte où l'énergie coûte plus cher, où l'inflation a fait d'énormes dégâts chez les petits commerçants, et où le COVID a renforcé la commande à distance et la grande distribution, était-il nécessaire de prendre une mesure largement contestée par les boutiques qui font vivre le centre-ville de Rouen ? De nouvelles protestations seront réitérées à la rentrée, a promis José Ortuzar.
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