Le logement est un secteur particulièrement sinistré en France. Le nouveau premier ministre Gabriel Attal vient de promettre un "choc d’offre" dans ce domaine mais ses annonces peinent à convaincre et les chances d’un réel changement sont maigres. Pourquoi le logement social est en chute libre en France ? Comment endiguer cette crise ? Une émission Je pense donc j’agis présentée par Melchior Gormand.
La crise concerne tant la location que l’achat immobilier. Les loyers grimpent, les appartements à louer se raréfient mais la demande explose. Depuis 2017, les promesses non tenues par Emmanuel Macron ont fini par exaspérer les professionnels du secteur. Le souhait d’un "choc d’offre" du Premier ministre serait mot pour mot les paroles de l’actuel Président, il y a 7 ans. La population s'accroît et la crise du logement continue, comment s’en sortir ?
C’est une crise qui semble partie pour durer. Les niveaux des prix ne correspondent plus au pouvoir d’achat des Français et presque toutes les catégories de la population sont concernées. Face aux promesses du Premier Ministre lors de son discours de politique générale à l'Assemblée Nationale, Vincent Grimault, journaliste à Alternatives Économiques, rit jaune : "Rien n’a vraiment changé avec Macron et il ne va pas falloir attendre grand chose de plus", assène-t-il.
Comment le pays en est arrivé à cette situation ? Pour le journaliste, c’est surtout l'accumulation de mauvaises décisions qui font aujourd’hui leur effet : trop de normes, trop de taxes, trop d'obligations. Il évoque aussi la baisse des APL (Aide personnalisée au logement), allocation reversée aux locataires de leur logement. Il y a évidemment d’autres raisons selon Eric Allouche, directeur du réseau ERA France, comme le nombre de logements neufs qui s’effondre en raison de l’inflation des coûts de construction et du renchérissement du coût du crédit. "On ne peut pas bâtir sans fin, il faut trouver d’autres solutions", alerte le directeur. Des actes sont attendus de la part de l’État, mais la confiance est moindre.
Rien n’a vraiment changé avec Macron et il ne va pas falloir attendre grand chose de plus.
Gabriel Attal avait assuré un changement : "On va aller chercher tous les logements possibles avec les dents". Les réformes du premier quinquennat d'Emmanuel Macron ont pourtant mis à mal le logement social. David Rodrigues, juriste à la CLCV, l'association nationale de consommateurs et usagers, pense qu’il ne faut pas réserver les logements sociaux aux plus précaires si le pays veut de la mixité. Quant à lui, Eric Allouche estime que construire uniquement des logements sociaux ne peut pas résoudre le problème : "Il n’y en a certainement pas assez, mais ce n’est pas une solution car ils sont réservés aux gens en difficulté."
Florence, auditrice de RCF, voit un blocage dans ce système en raison de leur faible rotation et prend l'exemple des ménages qui voient leurs enfants partir : "On propose à ces familles un logement au même prix que celui qu'ils avaient déjà, ce n'est pas normal.", déplore-t-elle.
Des chiffres qui donnent le tournis. Il y aurait en France plus de 3 millions de logements vides en 2023 selon le directeur du réseau ERA. Pourquoi ? Ancienneté voire insalubrité des habitations, mauvaise performance énergétique ou encore augmentation du nombre de résidences secondaires des Français. Les départements ruraux sont ainsi particulièrement touchés. C'est moins le cas dans les zones tendues comme dans les grandes villes. Mais pour Eric Allouche, "il y a énormément de facteurs. Il faut s'asseoir autour d'une table et créer des États généraux du logement".
Si la location et l’achat sont aussi freinés, c’est également à cause de l’augmentation des prix de l'immobilier et la baisse du pouvoir d'achat d'une grande partie des Français. En effet, les taux d’intérêts sont très élevés en 2024, la capacité d’emprunt est donc réduite. Acheter un premier bien devient alors compliqué, risqué voire impossible sans un certain apport. Autre raison évoquée : la réglementation stricte liée aux critères de performances énergétiques : "depuis le 1er janvier 2023, les logements dits G+ sont interdits à la location", explique David Rodrigues.
Il faut s'asseoir autour d'une table et créer des États généraux du logement.
Si la politique du logement est à revoir de fond en comble, Gabriel Attal a déjà présenté quelques mesures pour tout changer. Il souhaite la création de 22 “territoires engagés pour le logement”, qui vont connaître une accélération des chantiers. 1500 logements par territoire devraient sortir de terre d’ici à trois ans. Le Premier Ministre a également insisté sur la surélévation, technique de construction permettant d'ajouter un étage à un bâtiment, “notamment en ville”.
Dans le même temps, des professionnels du logement réclament une politique publique et un plan stratégique pour les prochaines années, afin que chacun puisse bénéficier d'un logement décent. Pour endiguer la crise, Luc, auditeur fidèle de RCF, propose l’aide à la personne. Selon lui, il faut responsabiliser les gens et apporter de l’aide au logement : "C’est mieux que de chercher à construire des logements sociaux ! Il faut mettre de l’argent dans l’accompagnement, pas dans la construction". Une analyse approuvée par Vincent Grimault, le journaliste d'Alternatives Économiques, qui pense que l’aide à la personne peut devenir un excellent outil de lutte contre la pauvreté.
C'est un dispositif d’entraide permettant à un senior d’accueillir une personne plus jeune. Découvrez comment fonctionne la cohabitation intergénérationnelle dans la seconde partie de l'émission Je pense donc j’agis :
Cette émission interactive de deux heures présentée par Melchior Gormand est une invitation à la réflexion et à l’action. Une heure pour réfléchir et prendre du recul sur l’actualité avec des invités interviewés par Véronique Alzieu, Pauline de Torsiac, Stéphanie Gallet, Madeleine Vatel et Vincent Belotti. Une heure pour agir, avec les témoignages d’acteurs de terrain pour se mettre en mouvement et s’engager dans la construction du monde de demain.
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