Quel sens donner à la virilité aujourd’hui ?

Le titre de l’ouvrage de Martin Steffens, "Tu seras un homme", fait écho au célèbre poème de Rudyard Kipling. "Si tu peux être dur sans jamais être en rage / Si tu peux être brave et jamais imprudent... Tu seras un homme, mon fils." Pour Martin Steffens, ce texte "inscrit la virilité dans une promesse". Il y a quelque chose de l’ordre du défi. Or, la virilité est une vertu. Elle nous enjoint à "faire quelque chose" du fait d’être homme. "La virilité c’est la faculté de reprendre ce fait brut et d’en explorer la beauté, originalité, l’irréductibilité."

Les hommes dans l'ombre des femmes

Dans notre société occidentale, "les femmes vont au-devant" et "prennent les commandes du monde", observe Martin Steffens. "L'homme se retrouve dans l’ombre de la femme". Il nous faut penser la masculinité autrement que comme un synonyme de domination. Pour le philosophe, la figure de Joseph est "stimulante de nos jours", lui qui vivait "dans l’ombre de Marie"...

L’enjeu du livre de Martin Steffens est de penser la relation hommes-femmes et d'en prendre soin. Critique sur notre époque, le philosophe énonce un avis libre sur la lutte féministe et les revendications de droits fondamentaux. D’ailleurs, à la suite de Simone Weil (1909-1943), il préfère l’idée de "justice" à celle de "droit". Il plaide pour un ajustement, un juste rapport entre les hommes et les femmes.

Dans cette domination masculine, tout le monde est dominé, les hommes aussi

De la domination masculine... à celle de la technique ?

"Sortir de la domination masculine c'est sortir de la domination tout court. Dans cette domination masculine, tout le monde est dominé, les hommes aussi. Ils n’en sortaient pas grandis." Le philosophe nous met en garde : il ne faudrait pas que, sorties du patriarcat, les femmes (et par conséquent les hommes) subissent "une autre aliénation". Celle de la technique. "Si les femmes se débarrassent n’importe comment de l’aliénation patriarcale, masculine, on sera dans une autre aliénation." Or, selon lui, la PMA qui "permet à des femmes d’avoir des enfants sans les hommes" va dans ce sens...