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Quelles réponses à la violence des jeunes ?

Un article rédigé par Baptiste Picot - RCF, le 7 mai 2024 - Modifié le 7 mai 2024
Je pense donc j'agisQuelles réponses à la violence des jeunes ?

Ces dernières semaines, l'actualité a été émaillée de drames impliquant des adolescents. Agressions, morts violentes... Y a-t-il une crise de l’autorité ? Quelles réponses éducatives apportées ? Une émission Je pense donc j'agis présentée par Pauline de Torsiac et Melchior Gormand.

Photo d'illustration © Adrien Nowak / Hans LucasPhoto d'illustration © Adrien Nowak / Hans Lucas

Thomas, 16 ans, poignardé dans la nuit du 18 au 19 novembre lors d'un bal de village à Crépol (26), Shamseddine, 15 ans, roué de coups le 4 avril à Viry-Châtillon (91) pour une relation avec une fille ou Matisse 15 ans, poignardé le 27 avril à Châteauroux (36). Ces drames mettant en cause de jeunes adolescents ont tristement fait la une de l’actualité ces dernières semaines. Agression mortelle, attaque à la hache, au couteau, à la batte de baseball : la violence semble ne plus avoir de limite. Les jeunes sont-ils de plus en plus violents ? Que révèle cette violence de notre société ?

Un "rajeunissement" de la violence

Tout passe par l’éducation. Les paroles de Jean-Marie Petitclerc, prêtre salésien de Don Bosco, polytechnicien, éducateur spécialisé et expert des questions d'éducation dans les zones sensibles, accusent le manque d’éducation de certains enfants et adolescents, incapables de se contrôler : "la violence est naturelle, ce qui ne l’est pas, c’est justement la capacité à ne pas céder à la violence. Je vois souvent des adolescents incapables de résister à la frustration et à l'agressivité". Philippe Paré, directeur de l’Enseignement catholique du diocèse de Lyon, considère que l’éducation d’adultes à enfants est compliquée, car l’environnement des deux parties est trop différent : "je trouve qu’il y a une vraie rupture générationnelle qui enraye la communication".

Je vois souvent des adolescents incapables de résister à la frustration et à l'agressivité.

L’accroissement de la violence chez les jeunes ne s'arrête pas aux adolescents, pouvant se déclarer bien plus tôt. Philippe Paré le constate lui-même : "c’est ici un phénomène de société qui arrive dès la maternelle. Je vois de plus en plus d’histoires de tout-petits enfants qui se battent violemment sans raison". Selon lui, les parents et l’école perdent peu à peu leurs rôles de socles de l’éducation et de l’instruction : "maintenant, l’éducation se fait sur les réseaux sociaux”.

Un coup-de-poing avec un couteau, c’est plus un coup-de-poing

La faute à TikTok, Insta & Cie ? Jean-Marie Petitclerc affirme que les réseaux sociaux prennent une trop grande place dans le quotidien des enfant : "aujourd’hui, les élèves passent plus de temps sur les réseaux sociaux qu’à l’école". Ce que confirme Philippe Paré : "dès très tôt, les enfants sont initiés aux réseaux sociaux et ils vont y consacrer énormément de temps”. 

Les bases de la construction des individus. Jean-Marie Petitclerc trouve que la culture et l'enseignement civil, qui poussent au respect, sont oubliés : "On conteste la culture et le passé, tandis que l’avenir se montre dystopique", cela provoque une annulation de toute modération et entraîne inévitablement des drames : "un coup-de-poing avec un couteau, c’est plus un coup-de-poing. Il n’y a plus aucun code d’honneur". 

Que faire contre cette montée de la violence ?

Éduquer les adultes ? Pour Jean-Marie Petitclerc, les adultes chargés d’éduquer les jeunes doivent adopter une façon de faire bienveillante mais stricte : "c’est à l’adulte de poser le cadre et les limites, mais il faut expliquer que l’on met ces limites par amour et parce qu’on se soucie de l’avenir de l’enfant”. L’amour dans l’éducation a, pour l’éducateur spécialisé, une place importante : "il faut que l’enfant se sache aimé". Il ajoute aussi que l’état d’esprit de l’adulte est important, car il peut impacter l'enfant : "la joie de l’éducateur est importante, car un éducateur triste est un triste éducateur".

C’est à l’adulte de poser le cadre et les limites.

À inculquer pour les sauver. Philippe Paré considère que les mots "unique, utile et universel” résument les idées importantes à inculquer aux jeunes pour leur bonne construction mentale, “il faut aimer l’enfant de façon unique, lui faire comprendre qu’il est utile à la société et l’engager dans le mystère universel de la personne humaine”. Père Jean-Marie Petitclerc met un point d’honneur à apprendre aux enfants à se tourner vers les autres et à être capable de se mettre à la place de son prochain : “Il faut leur apprendre l'empathie”.

Étant la base de toute société stable, le prêtre salésien place en haute estime la capacité à vivre ensemble et l’apprentissage de ces valeurs peut se faire par le jeu : "Don Bosco pensait que le jeu était le meilleur moyen d’apprendre à respecter les lois, car, si on veut jouer, on doit se plier aux règles. Finalement, on apprend le plaisir du vivre-ensemble par des lois".

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