La grève des médecins libéraux est reconduite jusqu’au 9 janvier, initiée par le Collectif Médecins pour demain. Un mouvement qui ne fait pas l’unanimité dans la profession, et qui souligne les dissensions entre syndicats.
La grève a été lancée par le Collectif Médecins pour demain, apolitique et asyndical, via les réseaux sociaux qui regroupe 15 000 des 52 000 médecins. Selon un sondage au sein du collectif, la grève toucherait 15 % des cabinets français. Ce mouvement contestataire est maintenant soutenu par trois syndicats : l’UFML, l’Union française pour une médecine libre, la FMF Fédération des médecins de France, et le SML Syndicat des médecins libéraux. Pour Guillaume Dewevre, responsable Hauts de France du Collectif Médecins pour demain, et médecin généraliste à Lens en grève depuis dix jours, cette grève est essentielle à l'heure où se négocie la nouvelle convention médicale des 5 prochaines années entre la CNAM et les médecins :
Le gouvernement a adressé une lettre de cadrage au directeur de la CNAM dans laquelle il n'y pas une seule ligne de la revalorisation de l'acte.
La revendication principale du Collectif Médecins pour demain est en effet le doublement du tarif de consultation de base, de 25 à 50 euros. Il s'agit de rendre plus attractive la médecine de ville, en manque d’effectifs, écrasée par les tâches administratives et qui n’attire plus les jeunes.
Mais cette grève ne fait pas l'unanimité dans la profession. D'abord parce que le Collectif Médecins pour demain est un mouvement asyndical, parti des réseaux sociaux, du type "Gilet Jaune", avec un manque de légitimité pour certains. Il ne figure pas par exemple à la table des négociations en cours avec la Sécurité sociale, concernant la nouvelle convention médicale.
Par ailleurs, pour le Docteur Bertrand Legrand, médecin généraliste à Tourcoing et président des généralistes CSMF Hauts de France, la Confédération des syndicats médicaux français, ce n'est pas le bon timing pour se mettre en grève :
Les négociations vont durer trois mois avec la Sécurité sociale. On ne va donc pas faire trois mois de grèves. Et dans ce round de négociations, on est dans la phase où la Sécurité sociale - un peu l'équivalent de notre employeur - nous donne ce qu'elle attend de nous comme missions. Ce n'est pas le moment de faire grève. On se mobilisera s'ils n'écoutent pas nos propositions de revalorisation.
La CSMF compte proposer une revalorisation de l'acte, selon la difficulté de la consultation, qui peut aller jusque 150 euros, et non pas un doublement généralisé à tous les actes comme le réclame le Collectif Médecins pour demain.
Plus généralement, les médecins s’inquiètent aussi pour leur liberté d’installation, remise en question par des propositions de loi sur les déserts médicaux. Ils craignent aussi que d’autres soignants comme les infirmières en pratique avancée, puissent être autorisées à prescrire. Une manifestation nationale est prévue le jeudi 5 janvier à Paris, vers le ministère de la Santé.
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