À Marseille, le pape François a rappelé la situation singulière dans laquelle se trouvait la cité phocéenne, à savoir un "carrefour" entre fraternité et indifférence face aux enjeux de la Méditerranée. Une déclaration à laquelle souscrit Véronique Devise, présidente du Secours Catholique, mais qui contraste avec le discours politique actuel sur l'accueil des migrants venant des pays africains.
« Nous sommes à un carrefour : d’un côté la fraternité, de l’autre, l’indifférence, qui ensanglante la Méditerranée. Ou encore : la culture de l’humanité et de la fraternité, ou la culture de l’indifférence – du chacun pour soi ». Le message fort de François à Marseille m'a touché. Je me réjouis que le Pape ait pu porter haut et fort la cause des personnes migrantes et plaider pour un monde juste et fraternel, où l’on regarde chaque être humain comme un frère en humanité.
Depuis le début de l’année, plus de 2000 personnes sont décédées en Méditerranée. Pour les personnes survivantes, la suite est souvent synonyme de violences, négations de leurs droits et une politique du non accueil. C’est choquant et contraires aux valeurs de fraternité mais c’est aussi contraire au droit.
A leur arrivée à Marseille, le Secours Catholique constate que de nombreuses personnes sont livrées à la violence de la rue
Marseille ville-port par son histoire et sa position géographique connaît depuis sa naissance, l’accueil de nombreux exilés. A leur arrivée à Marseille, le Secours Catholique constate que de nombreuses personnes sont livrées à la violence de la rue même pour les plus vulnérables d’entre elles, je pense en particulier aux mamans avec de jeunes enfants.
Comme le rappelle encore le pape François « ceux qui risquent leur vie en mer n’envahissent pas, ils cherchent l’hospitalité » Avant d’être des « migrants », il s’agit d’hommes, de femmes, d’enfants, chacune et chacun dans sa singularité, sa richesse, son parcours, son histoire. Nous sommes convaincus au SC, que toute personne doit être accueillie, protégée et respectée dans sa dignité.
« Crise migratoire », « invasion », Les responsables politiques, français ou européens, les uns après les autres, usent de tous les superlatifs pour prouver leur détermination à protéger leur pays de ce qu’ils ne cessent de qualifier de menaces. Et pourtant , le solde migratoire dans l’Union Européenne, c’est-à-dire : la différence entre le nombre de personnes entrées et le nombre de celles parties, représente chaque année 0,2 % de la population européenne. Rien qui ne mérite les allusions alarmistes et les exagérations de toutes sortes.
Il est temps d’en appeler à l’apaisement, à des débats plus sereins, seuls capables de construire collectivement des propositions pragmatiques ! Cet apaisement, qui est appelé par tous ceux - dont le Secours Catholique - qui proposent la tenue d’une « convention citoyenne sur la migration », est indispensable si l’on veut voir advenir des politiques et des pratiques qui à la fois protègent les vies, les personnes, tout en tenant compte des équilibres internes au sein des Etats européens.
Le Pape François est l’une des seules voix au monde à proposer cette approche apaisante, pragmatique, reposant d’abord sur les valeurs de fraternité, socles de nos sociétés. Nous espérons que sa venue et son discours très politique sera entendu des décideurs du pourtour méditerranéen.
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