En hiver 2023, Pierre Palmade a causé un grave accident de la route, alors qu’il était sous l’emprise de stupéfiants. Un homme et son fils de 6 ans ont été grièvement blessés, ainsi qu’une une jeune femme de 27 ans qui a aussi perdu le bébé de 6 mois qu’elle attendait. Une césarienne a été pratiquée en urgence mais la petite fille n’a pas survécu. L'événement a suscité une immense vague d’émotion et aussi beaucoup de débats, Blanche Streb revient sur la question du statut du foetus qui a refait surface avec cet événement douloureux.
L’immense émotion, c’est l’opinion qui a réalisé qu’en droit français, si quelqu’un cause la mort d’un bébé dans le ventre de sa mère, comme ici, et bien cela n’engage pas sa responsabilité pénale vis-à-vis de l’enfant.
Le fœtus n’a pas de personnalité juridique. Donc que ce soit par une erreur médicale, par des violences conjugales ou par un accident, et c’est déjà arrivé bien sûr, la Cour de cassation refuse de qualifier d’homicide involontaire la mort accidentelle d’un fœtus. Sauf si le bébé est né vivant et a respiré au moins une fois, juste avant de mourir.
C’est bien ça. Mais attention, il ne s’agit pas d’accabler cet homme, déjà détruit par sa propre destruction. La drogue est un fléau absolu. Il est brisé. Il a confié lors de l’audience : « Toute ma vie j’aurais la mort de ce bébé sur la conscience ».
On est au-delà de ce cas. Le problème est qu’il y a derrière tout ça une profonde injustice. Il ne s’est pas rien passé. On ne peut pas s'en contenter.
dans un pays qui se dit évolué, à ce que l’enfant avant la naissance ne bénéficie d’aucune protection pénale.
La petite fille de 1 kg était née sans vie. Et donc là, en droit, c’est comme si sa mort n’existait pas, on nie ainsi aussi sa vie. C’est là qu’on se dit que parfois, le droit va de travers. Comme le dit l’avocat des victimes : « il faut revenir sur cette jurisprudence poussiéreuse de 2001. »
J’avoue que ça me touche particulièrement, j’ai moi-même un enfant qui est né encore plus tôt que cette petite fille, et qui a pu être sauvé. Je sais bien qu’à ce stade de grossesse, on n’est pas rien, on est quelqu’un. C’est une réalité. La maman au tribunal s’est effondrée: « Il a tué ma fille, elle était entière, j’ai compté ses doigts, elle m’a montré ses yeux ».
Oui. Et l’émoi général que cela a suscité nous dit bien quelque chose : cette petite fille n’était pas une personne, au sens juridique du terme, au sens froid d’une position doctrinale.
Mais elle n’était pas personne pour autant. On est là sur un sujet d’humanité.
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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