LE POINT DE VUE DE STEPHANE VERNAY - Le gouvernement de François Bayrou se fait encore attendre. Alors que le Premier Ministre a promis un gouvernement avant Noël, les Français auront donc des ministres sous le sapin. Stéphane Vernay, rédacteur en chef chez Ouest-France, revient sur les longueurs qui commencent à caractériser les nominations de l'exécutif.
Toujours pas de fumée blanche. François Bayrou avait annoncé qu'il présenterait sa nouvelle équipe "avant Noël". Ce lundi 23 décembre étant journée de deuil national après la catastrophe de Mayotte, et le mardi 24 décembre, veille de Noël, on avait tous compris que l'annonce du nouveau gouvernement se ferait durant le week-end. Après trois rencontres dans la journée de dimanche entre le président de la République et le Premier ministre, on pensait avoir la liste des ministres du gouvernement Bayrou dans la soirée de dimanche au plus tard. Et puis non. Encore raté !
Noël c'est mercredi, mais on n'est plus sûr de rien avec notre président de la République dont l'horloge est quelque peu détraquée. La dernière fois qu'Emmanuel Macron nous a promis un Premier ministre sous 48 heures, on a eu son nom en 72 heures, après un "finish" rocambolesque. Ce nouveau retard à l'allumage peut également être dû à l'entrée au gouvernement de personnalités qui n'ont jamais été ministres, ou pas depuis longtemps, pour lesquels le Président peut demander des informations sur leur patrimoine, leur situation fiscale, leur casier judiciaire et une déclaration d'intérêt avant de les nommer. Ces démarches demandent du temps. On peut imaginer aussi qu'il y a de l'eau dans le gaz entre Emmanuel Macron et François Bayrou, qu'ils ne sont pas d'accord sur certains noms, ou sur l'attribution de certains ministères, mais je doute que ce soit vraiment le fond du problème.
Le problème, c'est que le seul moyen d'éviter une censure du nouveau gouvernement Bayrou, après la censure du gouvernement Barnier, aurait été de parvenir à conclure une alliance avec les sociaux-démocrates. Le PS était prêt à faire des concessions, les Ecologistes et les Communistes auraient peut-être même pu embarquer, mais il aurait fallu pour cela qu'Emmanuel Macron nomme un Premier ministre acceptable aux yeux de la gauche. François Bayrou n'a pas réussi à faire affaire avec cette partie de l'hémicycle, qui n'entrera pas dans son gouvernement, et qui reste prête à le faire tomber. Tout comme le Rassemblement national. A l'arrivée, le nouveau gouvernement risque fort de ressembler au précédent. Composé de ministres issus du "bloc central" et des Républicains, dont plusieurs ministres démissionnaires qui seraient gardés, il a toutes les chances de se faire censurer lui aussi. Pas au moment du discours de politique générale, le 14 janvier, mais le mois suivant, au moment du vote du budget. Exactement comme pour Michel Barnier. C'est très probablement ce scénario catastrophe que François Bayrou et Emmanuel Macron cherchent à éviter. Apparemment, ils n'ont pas trouvé la formule magique qui leur permettra d'éviter cette nouvelle sortie de route. On nous dit que c'est "imminent", qu'ils n'ont plus que "quelques réglages de dernière minute" à faire. Si c'était si simple, nous aurions déjà eu la composition du nouveau gouvernement...
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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