LE POINT DE VUE DE CORINNE BITAUD - En ce moment à Cali se tient la COP16, conférence de l'ONU sur la biodiversité. À cette occasion, Corinne Bitaud rappelle l'importance du sommet, l'écologie et la défense de la Nature étant le combat de tous.
Il est important de revenir sur cette COP, car depuis son ouverture le 21 octobre dernier, les négociations ont peu progressé, en amont des discussions de haut niveau qui commencent aujourd’hui pour quatre jours.
Comme pour le climat, les scientifiques alertent depuis longtemps sur la crise de la biodiversité. On estime aujourd’hui que les populations de vertébrés sauvages ont diminué en moyenne de trois quarts depuis 1970. Quant aux populations d’insectes, indispensables à la pollinisation et donc à notre alimentation, elles connaissent un véritable effondrement. Dès 1992, le Sommet de la Terre de Rio des Nations Unies a consacré l’une de ses trois Conventions-cadres à la biodiversité. Il y a deux ans, la 15ᵉ COP Biodiversité s’était conclue par un engagement des Parties à établir des stratégies nationales pour atteindre des objectifs ambitieux de restauration de la biodiversité mondiale. Cette année, la réunion vise à évaluer les progrès réalisés et à affiner les mécanismes de financement et de suivi de ces plans.
Sur les 195 Parties signataires du traité, seules 34, dont la France et l’Union européenne, ont soumis à l’ONU leur stratégie et leur plan d’action. La situation est légèrement meilleure, mais toujours insuffisante, avec 112 Parties ayant soumis des cibles nationales de restauration de la biodiversité. Toutefois, en comparant ces cibles aux 23 objectifs mondiaux, on constate que seuls 30 à 50 % des engagements nationaux sont alignés avec l’ambition affichée il y a deux ans.
D’abord, il semble que l’humanité a une certaine facilité à formuler des promesses pour l’avenir, mais beaucoup plus de mal à les tenir. Ensuite, puisque les cibles annoncées sont souvent en deçà des attentes, il apparaît que nous tendons fâcheusement à penser que les efforts principaux doivent être faits par d’autres. Enfin, les rapports de l’ONU montrent que les financements pour soutenir les stratégies des pays en développement n’ont été que partiellement apportés. C’est pourquoi les discussions de cette semaine seront cruciales : elles doivent résoudre ce que les observateurs appellent le "casse-tête" des financements. Comment structurer efficacement les divers instruments financiers nécessaires ? Plusieurs centaines de milliards de dollars par an sont requis. Cependant, les ONG rappellent souvent que, chaque année, 2 600 milliards de dollars de subventions sont attribués à des projets nuisibles pour la biodiversité.
Le thème de cette COP est "Faire la paix avec la nature". Ceux qui savent que "tout est lié" comprendront que cela ne sera possible que si nous faisons aussi la paix avec nous-mêmes. Bien sûr, ces conférences engagent les institutions et les États, mais, au fond, ceux-ci ne font que refléter l’état d’esprit de la société, donc de chacun d’entre nous. Pour savoir si cette COP aura su relever ces défis, je vous encourage à suivre le webinaire que l’IDDRI consacre à cette question mardi prochain à 16 h. Inscriptions sur leur site internet, IDDRI.org
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