POINT DE VUE DE BLANCHE STREB - Devant ces violences, cette barbarie, on reste comme sidéré. On peine à imaginer la souffrance des proches des victimes. On en arrive à se demander ce qu’il reste d’humain chez ceux qui en sont responsables. Qu’est ce qui se passe ? Ceux qui en parlent le mieux sont ceux qui connaissent vraiment, qui accompagnent, des adolescents hyper violents dans la durée.
Le docteur Maurice Berger, pédopsychiatre, psychanalyste, travaille en Centre éducatif Renforcé. C’est un vrai spécialiste. Il a écrit le livre "Sur la violence gratuite en France" où l'on découvre que même s’il y a souvent plusieurs causes, certaines sont marquantes, comme l’exposition répétée à des scènes de violence, notamment conjugales, ou à des maltraitances ou négligences dans les 2 premières années de la vie.
Dans les négligences et maltraitances, on inclut l’éducation sans limites et sans interdits cohérents.
Oui, les premières années sont une période où les choses s’impriment, peuvent entraver le développement du cerveau ou l’endommager durablement. Il peut y avoir par exemple des dérèglements graves de l’amygdale cérébrale, la zone de régulation des émotions, comme la colère, mais aussi de l’hippocampe, qui permet de différentier le passé du présent.
Plus tard, chez ceux qui posent des problèmes majeurs, les IRM montrent qu’ils sont insensibles, sans émotion, avec une absence d’empathie et de culpabilité.
Jean-Marie Petitclerc est un prêtre salésien, éducateur spécialisé depuis des décennies. Il a fondé le Valdocco et consacre sa vie à l’éducation et à la prévention de la délinquance. Il vient de rééditer un livre sur la spiritualité de l’éducation, après déjà une trentaine sur ces thèmes de violence, de caïds, d’éducation.
Pour ce polytechnicien, qui a donné sa vie et la consacre à prendre soin des jeunes et de notre société, on n’est pas tant dans une crise de l’autorité, que dans une crise de la crédibilité des porteurs de l’autorité. A ceux qui demandent de mieux comprendre les évolutions des comportements des jeunes faces à l’autorité, il répond qu’il faut commencer par étudier les nouveaux comportements des adultes qui devraient avoir autorité.
Malgré ce qu’il a déjà dû voir et endurer, iI invite à ne pas laisser tomber ni à se résigner. Il a fait sienne cette phrase de Don Bosco : "Le Salésien ne gémit jamais sur son temps". Ferme dans son espérance et sa charité, il insiste sur le fait que l’éducation est un enjeu majeur de notre temps. Et il faut bien le dire, cette violence qui sourd et nous fait trembler d’effroi le confirme un peu trop chaque jour.
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