Retour sur les récentes révélations intervenues dans le cadre de l’assemblée plénière des évêques de France…
Il y a deux semaines, je décrivais ici un épiscopat au pied du mur à quelques jours de l’ouverture de l’assemblée plénière des évêques à Lourdes après les révélations faites par Famille chrétienne concernant les abus commis par Mgr Michel Santier. Et j’appelais, comme d’autres, à ce que les prélats ayant commis des abus assument publiquement leurs fautes et prennent leurs responsabilités. Aussi éprouvant que cela puisse être, il faut croire que ces appels ont été entendus. Par le président de la Conférence épiscopale, d’abord, qui a annoncé lundi que trois autres évêques émérites étaient concernés et que leur sort était entre les mains de la justice. Viendra donc le moment, douloureux, mais indispensable, où leur nom sera connu. Et puis c’est l’annonce du cardinal Jean-Pierre Ricard, ancien archevêque de Bordeaux, qui a secoué à la fois tout l’épiscopat et les fidèles.
Permettez que je vous dise d’abord que j’ai vécu ces révélations à la première personne. Parce que j’ai été son collaborateur à l’archevêché de Bordeaux pendant près de trois ans, je me sens trahi et je suis en colère. Je suis triste, également. Cependant, je crois sincèrement que cet aveu est force de guérison. Seul l’aveu des fautes permet d’échapper à cette spirale infernale. Le cardinal Ricard - probablement sous la pression d’un signalement à la justice - a choisi la voie de l’humiliation et de la libération, celles des cendres qui couvrent la tête des pécheurs dans l’Ancien Testament, une voie étroite que j’appelle de mes vœux. Non par voyeurisme ou masochisme, mais parce que je crois que le chemin ouvert par ces révélations, s’il est aujourd’hui terrifiant pour l’Église de France, est aussi la condition du relèvement.
Comme d’autres, je vois des fidèles qui partent en masse, mais en silence, sur la pointe des pieds, et d’autres qui claquent violemment la porte de l’Église. Beaucoup ne s’en remettront pas. Je suis triste, une fois encore. Mais je ne suis pas résigné. D’abord, car je sais qu’il y a de la pourriture dans mon Église, mais que celle-ci ne saurait cacher la sainteté de beaucoup de ses membres, et que ceux-là doivent être encouragés, soutenus par notre prière, précisément en ce moment.
Je vais encore vous faire une confidence… Je reviens il y a quelques jours d’un merveilleux pèlerinage à Lourdes avec les communautés Foi et Lumière, qui rassemblent des personnes porteuses d’un handicap mental, leurs familles et des amis. J’y ai vécu l’Évangile en actes auprès des plus fragiles. Ceux-là sont nos maîtres, ils sont le visage du Christ !
Enfin, ce matin ce n’est pas de Paris que je vous parle, mais de la Terre sainte où j’accompagne un groupe de lecteurs de mon hebdomadaire. En ces temps difficiles, sur les bords du lac de Tibériade, je goûte sans réserve ce privilège de mettre avec d’autres mes pas dans ceux du Christ, de me concentrer sur l’essentiel. Ce n’est que comme cela que nous nous relèverons : en suivant celui qui est le chemin, la vérité, la vie. Permettez que je répète encore ces mots : le chemin, la vérité, la vie.
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