Alors que nos Églises se déchiraient, prétendant inconciliables leurs traditions, les croisés faisaient édifier sur les hauteurs du lieu où, sous le roi David, l’arche d’alliance séjourna, et où, peut être Jésus rompit le temps de la peur pour les disciples d’Emmaüs, une église dédiée à la mémoire de cette rencontre. Les lignes épurées pourraient nous tromper : l'intérieur est peint selon les codes et les règles de l’art byzantins. Alors que la rivalité était à son paroxysme depuis le schisme entre les deux Rome, sur ce petit bout de Terre sainte, Orient et Occident se laissent réunir par le désir d’annoncer la résurrection du Christ, Messie d’Israël.
Oh ! L'idée ne jaillit pas d’en-haut, mais très probablement d’une initiative locale : ce sont bien ceux qui ont entrepris l’ouvrage qui en ont décidé les contours et les ornements. Personne n’a même songé à demander une bénédiction aux pontifes du temps. Cela semblait sans doute aller de soi. Car, oui, si l’on réfléchit bien, il va de soi de travailler ensemble dès lors que l’on reconnaît partager l’essentiel.
En écoutant comme chacun ce petit refrain du "chacun pour soi" qui semble gagner en popularité, on peut être pris de migraine. Chacun y va de son monologue, comptant sur la ruse ou la force pour l’emporter sur l’autre. On voudrait nous faire croire que le monde s’élèverait dans le louvoiement ou la violence, qu’il n’y a pas d’espoir autre que de faire appel aux bas sentiments et aux instincts grégaires… mais tout cela est faux. Car c’est tout bonnement incompatible avec l’Évangile. Et si l’on tient ces paroles, celles de l’Évangile, pour celles de la Vérité, alors ce qui s’y oppose s’appelle le mensonge. Ou bien c’est que l’on considère le christianisme comme un système culturel utile pour réguler une société ou fédérer des nostalgies.
Ceux qui puisent dans le Christ et sa Parole la force d’espérer et le désir de croire, ne peuvent accepter que l’Amour inconditionnel qui en découle soit facultatif ou restreint. L’église des moines d’Abu Gosh en Israël nous le rappelle : il ne sert à rien de parler du Christ si on n’est pas prêt à proclamer sa résurrection, et à œuvrer sans aucune exclusive à ce que Jésus puisse, par nous, rejoindre les errants de ce monde pour leur porter non d’abord l’Église, mais le message de la Bonne Nouvelle que l’Église sert et qui la déborde résolument.
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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