Édito de Blanche Streb - "Ô Mort, où est ta victoire ?"

J’ai le sentiment que ces pensées sur le combat spirituel, la Beauté avec un grand "B" qui sauve le monde, se rejoignent magnifiquement là, derrière la Croix, aujourd’hui. C’est pour cela que j’avais envie de partager avec vous un peu de cette beauté si particulière qu’on peut se diffuser facilement grâce aux ondes radios : la beauté des mots.

 

La beauté des mots avec ce cadeau : une poésie qu’aucun de nos auditeurs n’a jamais pu lire ou entendre ailleurs. Je l’ai sortie de ma boite à trésor. Elle a été écrite il y a 80 ans, à la plume, celle de mon grand-père, paix à son âme, il nous a quitté il y a 22 ans exactement, un 5 avril…

 

La Croix
La croix là-haut sur la colline
Étend ses bras vers l’horizon ;
Si triste quand le jour décline ;
Si seule dans son oraison !
Cet appel de la voix divine,
Toujours muette pour l’esprit
Qui la perçoit mais ne devine
La musique qui la remplit ;
Cette image d’un Dieu qui saigne
Et meurt seul dans le vent glacé,
C’est notre étendard, notre enseigne,
Notre avenir, notre passé.
Et le présent toujours naît d’elle,
Seule source de charité !
Et tout ce sang qui, là, ruisselle,
S’épanche pour l’humanité.
Oui nous pouvons frémir et craindre !
Regrets ! Fureurs ! Torts ou raisons !
Que faisons-nous sinon nous plaindre
Des souffrances que nous causons ?
Les larmes d’autrui nous sont dures
Et font verser d’amers sanglots !
Mais toujours nos mains restent pures
Et toujours nos cœurs restent clos !
Il est facile d’être apôtre
Quand on ne prêche pas l’amour,
Et qu’on n’a pas à donner d’autres
Exemples que celui d’un jour !

Il n’est point de verbe efficace
S’il ne dit pas ce que l’on croit
On ne peut demander de grâce
En refusant ce que l’on doit.
Il n’est point de prière vraie
Qui ne vienne d’abord du cœur.
En nous qui sommes champs d’ivraie
Vous avez mis le grain sauveur.
C’est pourquoi si le soleil brille
Et réchauffe nos os parfois,
C’est que l’espoir toujours scintille
Malgré nous, derrière la croix

 

Un beau texte je crois pour ce Vendredi saint, où flotte cette question dont on a déjà la réponse "Ô Mort, où est ta victoire ?" Bon week-end de Pâques à tous ! Dans l’espérance de la Beauté qui nous sauve. Celle qui murmure son nom au creux de nos âmes : "Je suis."