Longtemps ils sont passés totalement inaperçus. Qui ne souvient avoir toujours connu, dans sa famille, une tante célibataire qui s’est occupée de ses parents "jusqu’au bout".
Tout l’entourage avait alors bien conscience, non sans un soupçon de culpabilité, qu’elle sacrifiait sa vie personnelle au devoir familial mais on n’en parlait pas, c'était ainsi. Un peu comme dans la fameuse chanson d’Hugues Aufray où Céline s’est oubliée pour le bien de sa fratrie. Chanson qui tirait les larmes tant, sans doute, elle évoquait des situations réelles…
D’abord parce que ces hommes et surtout ces femmes qui prennent soin de leur parent âgé souffrant d’Alzheimer, de leur fils en situation de handicap, de leur conjoint ou leur enfant atteint d’un cancer ont acquis une identité. On les appelle désormais les "aidants", terme apparu récemment. Ils ont aussi acquis un statut juridique puisque, selon le Code de l’action sociale et de la famille, est considéré comme un aidant familial, le conjoint, le concubin, le pacsé, l’ascendant, le descendant qui apporte l’aide humaine et qui n’est pas salarié pour cette aide.
S’ils sont sortis de l’ombre, vus comme des héros du quotidien, ils sont désormais considérés comme ayant besoin de secours. Jusqu’à présent, ils étaient surtout livrés à eux-mêmes, se débattant comme ils pouvaient avec un quotidien difficile. Qui n’a pas autour de lui une amie "admirable" qui dit : "je suis heureuse de pouvoir le garder à la maison, de m’en occuper jusqu'au bout" ?
Cette amie a besoin d’aide, on ne peut fermer les yeux, tant l’épuisement, le découragement, l’isolement -l’aidant est lui-même condamné à ne plus sortir- guettent. Comme cette amie, ils sont deux millions à accompagner un proche pour la seule maladie d’Alzheimer. Ils y consacrent en moyenne plus de 6 heures par jour. Et 75 % d’entre eux déclarent souffrir de fatigue et de stress et 40 % n’osent rien demander à l’extérieur.
Sans doute pas à la mesure de ce qu’ils vivent mais au moins le sujet est sur la table. Nombre d'associations ou de communes ont créé des groupes de paroles, des cafés, des consultations psychologiques gratuites à destination des aidants, des maisons de retraite accueillent pour un week-end ou une semaine la personne malade pour soulager l’aidant, des congés spécifiques pour les salariés et les fonctionnaires existent désormais.
Dans une classe on considère que 3 ou 4 lycéens sont aidants
Mieux encore, des aidants qu'on n'imaginait pas ont été repérés. Ainsi, mais qui le sait ?, dans une classe on considère que 3 ou 4 lycéens le sont, selon une enquête de l’université Paris-Cité. Charge mentale, manque de temps, problèmes psychologiques, ils sont à risques. Consciente de cet enjeu, une jeune Lyonnaise a créé la Pause brindille pour leur venir en aide, par une permanence d’écoute, des mises en lien…
Créer des filets de soutien autour des aidants est l’un des plus grands défis pour notre société, aujourd'hui et demain, au regard de la pyramide des âges…
Des chroniqueurs d'horizons variés nous livrent leur regard sur l'actualité chaque matin à 7h20, dans la matinale.
- Le lundi : Stéphane Vernay, directeur de la rédaction de Ouest-France à Paris, et Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de La revue politique et parlementaire ;
- Le mardi : Corinne Bitaud, agronome et théologienne protestante, et Marie-Hélène Lafage, consultante en transition écologique auprès des collectivités territoriales ;
- Le mercredi : Clotilde Brossollet, éditrice, et Pierre Durieux, essayiste ;
- Le jeudi : Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille chrétienne ; Aymeric Christensen, directeur de la rédaction de La Vie ;
- Le vendredi : Blanche Streb, essayiste, chroniqueuse, docteur en pharmacie, auteure de "Grâce à l’émerveillement" (éd. Salvator, 2023), "Éclats de vie" (éd. Emmanuel, 2019) et "Bébés sur mesure - Le monde des meilleurs" (éd. Artège, 2018), et Elisabeth Walbaum, Déléguée à la vie spirituelle à la Fédération de l'Entraide Protestante.
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