Nous n’étions pas très nombreux à écouter lundi Emmanuel Macron parler de la politique de la France en Afrique, à la veille de son voyage dans quatre pays du continent, le Gabon, le Congo, la RDC et l’Angola. Je trouve d’ailleurs étrange que l’on évoque toujours l’Afrique en général comme si n’était pas d’abord un ensemble de pays uniques, différents, spécifiques...
Cette conférence s’adressait, dans un drôle d’attelage, aux journalistes et aux acteurs économiques et culturels intervenant là-bas. Elle a repris des thèmes déjà évoqués par le passé : la France change définitivement de braquet, elle ne considère plus l’Afrique comme "une rente" mais comme un partenaire responsable à qui on n’a pas de leçon à donner mais avec qui il nous faut relancer les échanges économiques, aujourd’hui en déclin.
Cette intervention, complexe tant elle a énuméré un nombre de chantiers à entreprendre impressionnant, au risque de perdre de vue les priorités, n’a pas abordé le sujet pour lequel je l’ai écoutée : les migrations. Aucune allusion n’a été faite à toutes celles et ceux qui ont péri en mer, pour avoir fui qui la misère, la faim, les conséquences du réchauffement climatique, l’insécurité, un mariage forcé ou des risques d’excision, un régime corrompu et dictatorial.
Je veux bien entendre, bien sûr, qu’aborder les questions de démocratie à la veille d’aller voir les pires autocrates - qu’il s'agisse d’Ali Bongo au Gabon ou Denis Sassou-Nguesso au Congo - relevait de ce qu’on veut éviter : la posture de celui qui sait. Il n’empêche. Chercher la bonne distance avec les régimes africains, vouloir conforter auprès de la jeunesse un nécessaire
changement d’attitude qui passerait du surplomb au partenariat est indispensable. Mais attention à ne pas nous comporter comme nos concurrents.
On le sait, les Russes et les Chinois n’ont pas nos états d’âme : pour eux seuls comptent l’économique, les terres à préempter, les ports à construire. Ces puissances étrangères ne se préoccupent guère de la gouvernance politique des États dans lesquels elles s’installent. Elles n’ont cure des principes démocratiques. Mais la France, mais l’Europe ? Il nous faut continuer à croire que ce "en même temps" est possible...
Un "en même temps" qui défend des valeurs et des principes, le droit des opposants, celui de la presse, un modèle économique qui prend en compte les critères sociaux et écologiques dans les investissements. N’est-il pas possible d’être un peu plus exemplaires ou du moins un peu moins cyniques que d’autres ? Pouvons-nous encore y croire ?
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